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Ned Kelly, une légende tout ce qu’il y a de plus australienne !

Vous connaissez Ned Kelly ? Moi non… Et pourtant dès mon arrivée à Melbourne, en l’espace d’une après-midi, je n’ai pas arrêté de croiser la route de ce véritable héros hors-la)-loi ayant vécu au XIXe siècle.

C’est à la bibliothèque d’état du Victoria que j’ai découvert son existante. En son temps pourchassé par les autorités, elles le mettent aujourd’hui à l’honneur et exposent son armure autour de laquelle naquit sa légende. 

C’est cette même armure, enfin cette fois-ci celle portée par Heath Ledger, l’acteur qui interprète Ned Kelly en 2003 (il y avait déjà eu un film paru en 1970 et Ned Kelly était joué par… Mick Jagger !), exposée dans le musée de l’ACMI (Australian Centre for the Moving Image) qui me fait me dire que ce personnage est vraiment

un héros ici. D’autant que l’armure est exposée avec autant de soin que des accessoires de films comme La guerre des étoiles, Les dents de la mer, Crocodile Dundee… enfin des vrais films quoi !

Je me décide donc à retourner à la bibliothèque pour enquêter. Je trouve quelques bouquins mais c’est la réponse du documentaliste qui fini de me convaincre de vous parler de ce fantasque bandit. En effet, quand je lui demande pourquoi Ned Kelly est un héros pour les Australiens, il me répond du tac au tac « Parce qu’on n’avait personne d’autre ! ». J’adore !

Cette question se justifie parce qu’avouons-le, les faits ne plaident pas en sa faveur. Le bonhomme est quand même un habitué des rixes avec les flics et, lors de sa cavale, accompagné de trois acolytes, il n’hésitera d’ailleurs pas à en abattre et ira même jusqu’a assassiner un traitre ayant donné des informations contre une prime. Pas joli joli quoi. Pourtant, ce n’est pas si simple, et comme le résume une phrase bien bateau : Tout dépend du contexte. Le mieux dans ce cas là, c’est encore de reprendre depuis le début.

(Très) brève histoire de l’immigration en Australie.

Les premiers colons sont les aborigènes qui sont arrivés d’Asie du sud-est (comme moi) il y a entre 40.000 et 60.000 ans. Le mystère de leur arrivée demeure entier, et même si des théories permettent de rationaliser leur exploit, il n’en inspire pas moins le respect. A l’époque, Quantas Airline n’existait pas et il y a de fortes chances que leur traversée en canoë ne fut pas de tout repos.

Ils s’installent pépouse (enfin quand on voit que tout ce qu’il y a comme animaux mortel sur terre est rassemblé en Australie, j’ose même pas imaginer ce que cela devait être il y a 40 000 ans !).

Pour la petite histoire, c’est aux aborigène que l’on doit ma merveilleuse invention qui nous dispense d’avoir un chien : le boomerang.

Les aborigènes se forgent également une existence spirituelle et leurs mythes donnent vie à un paysage où chaque colline, chaque fleuve, chaque repère géographique est le fruit des pérégrinations des Ancêtres.

C’est ainsi que Pendant des dizaines de milliers d’années, la vie continue dans l’isolation absolue de l’un des derniers bouts du monde.

Tadada Tadada voilà les européens

Ce n’est qu’au début du XVIIe siècle que les  hollandais commencent à tracer le contour de cette île aussi grande que notre continent. Mais bon, voyant des gens tout nus se faire chier au point d’inventer un bâton qui revient tout seul, ils ont dû se dire qu’il n’y avait pas grand chose à faire ici. Pas de club Med, pas d’hollandais !

Du coup il faudra attendre 1770 et James Cook pour que les choses sérieuses commence : voici venu l’ère de la colonisation !

À cette époque, les européens se la racontent grave. C’est le siècle des lumières, on se parfume, ça papote dans les salons… on aime sentir l’odeur de nos pets quoi ! Du coup, on part du principe que tout ce que l’on trouve est considéré comme vierge et donc bon à prendre et ce, malgré que fait qu’en Australie on estime que le peuple aborigène compte entre 300.000 et 750.000 hommes et femmes répartis en 250 nations. L’Australie est considérée comme « terra nullius », une terre vide d’hommes que les nouveaux colons pourront s’approprier sans contraintes ni cas de conscience.

De cette terre lointaine et « dépeuplée », les anglais font une colonie pénitentiaire. 

Le 26 janvier 1788 (qui est encore aujourd’hui le jour de la fête nationale… ambiance) le capitaine Arthur Phillip jette les ancres de 11 navires transportant 1500 hommes dont quelques 750 prisonniers. Le destin du continent est scellé : Les européens ne repartiront plus. Ils y enverront toutes les canailles infréquentables du vieux continent. Tant et si bien qu’à la fin du XVIIIe siècle, les prisonniers représentent la majorité de la population de la colonie. 

Petit à petit, ce sont aussi des hommes blancs libres qui commencent à composer la population locale. Anciens condamnés et nouveaux colons s’installent, attirés par la promesse d’un nouveau continent où le travail ne viendrait jamais à manquer et où la terre pourrait s’acquérir pour une bouchée de pain. 

Bon, au début, ça galère sec quand même, les mecs, en plus de devoir s’acclimater à un environnement hostile doivent lutter contre la maladie et la faim.

J’imagine tellement les premiers colons s’installer avec Popa qui dit à Moman, « t’inquiète ma belle, la terre ne coute rien, on va se les faire en or massif » et Moman qui suit tout en ruminant a propos des idées à la con de son mari . Mais bon à cette époque, tu la boucles et tu suis ! Elle compense et se défoule en cultivant un potager bio et un jour, BIM ! Elle tombe nez à nez avec un croco dans son jardin ! Non mais vous imaginez le choc. Au XVIIIe siècle il n’y avait pas RMC découverte pour nous dire ce que c’est !

Enfin, au milieu du XIXe siècle le vent tourne, on trouve de l’or et du coup… Ruée vers l’or ! La population gonfle et la colonie du Victoria passe de 76.000 habitants en 1851 à 530.000 habitants en 1859 ! 

C’est dans ce contexte que  naitra Edward « Ned » Kelly entre décembre 1854 et juin 1855.

Petite anecdote qui sert à rien : À Melbourne, les chinois arrivent par millier pendant la ruée vers l’or. La ville devient quasi-uniquement masculine. En effet, le pourcentage de chinois débarquant est de 5000 hommes pour une femme !

L’enfance de Ned Kelly : Témoin malheureux d’une répression organisée.

A cette époque, les propriétaires terriens sont protégés par les forces de l’ordre et les injustices ne sont pas rares, pour ne pas dire nombreuses à l’égard des populations vivant de fermage (bail rural) comme la famille Kelly.

L’enfance d’Edward « Ned » Kelly est plutôt mouvementée. Il grandit dans une ferme de l’outback (les terres reculées) avec ses 7 frères et sœurs. 

Il se distingue une première fois alors qu’il avait seulement 10 ans en sauvant de la noyade un enfant tombé dans les eaux de la « Hughes Creek » alors en crue. En récompense, il reçut une ceinture verte de la famille du garçon. 

Mais le quotidien de la famille Kelly n’est pas facile. Soupçonnés de nombreux vols de bétail ou de chevaux, ils sont régulièrement ciblés, à tort. 

A 11 ans, Ned voit même son père condamné à 6 mois de travaux forcés pour un vol qu’il n’aurait pas commit. Cette peine précipitera sa mort.

À 14 ans, il est inculpé pour agression et vol sur un travailleur chinois et même si les charges qui pèsent contre lui sont abandonnées. Il est cependant considéré par la police comme un « bushranger » (hors la loi qui se servait du bush comme refuge). Il aura d’ailleurs suffit  de 2 ans à la police pour réussir à le mettre sous les verrous : 3 ans pour avoir monté le cheval qu’un de ses amis avait emprunté (en fait volé). Ses frères sont régulièrement arrêté (mais relâchés) pour des « faits » similaires. 

L’incident Flizpatrick : Ned devient Hors-la-loi

En 1878, l’agent Alexander Fitzpatrick entre titubant et blessé dans le commissariat de Benalla, bourgade où lest installé la famille Kelly. Il prétendant avoir été attaqué par Ned, son frère Dan, sa mère Ellen, ainsi que deux de ses amis. Il montre une blessure au poignet gauche, expliquant avoir été touché par une balle. Il affirme alors que tous sauf Ellen Kelly étaient armés de revolvers. Une brigade va les interpeler, mais Dan et Ned s’enfuient. 

De leur côté les Kelly affirment que Fitzpatrick est venu dans leur maison pour questionner Dan à propos d’une affaire de bétail. Une fois présent, il aurait fait plus que des avances à Kate Kelly, ce à quoi sa mère aurait répondu par un coup de pelle à charbon avant que Fitzpatrick ne soit pris à partie par les hommes. Aucune arme, selon eux, n’aurait été utilisée lors de l’incident. De plus, lors de cet épisode, Ned se trouvait en Nouvelle-Galles du Sud.

Plus tard, Fitzpatrick sera exclu des forces de l’ordre pour ivresse et parjure mais pour le moment, dans l’impossibilité de convaincre la police de leur version de l’histoire, les frères Kelly se cachent. 

Ned Kelly : Libre à abattre

Dans leurs cavales, ils sont rejoints par deux amis,  et, tombent par hasard sur leurs poursuivants. Ils les désarment et prennent leurs chevaux. Mais l’attaque tourne mal et trois des quatre policiers sont abattus. A partir de là, le parlement du Victoria active le « Felons Apprehension Act », qui donne le droit à quiconque de les abattre.

Après cet épisode sanglant, le gang commet deux cambriolages de grande envergure. 

Leurs méthodes participe à la construction de la légende de Ned Kelly. Ainsi, lils ne pillent que les riches et lors de la première attaque de banque, les hors-la-loi auraient fait prisonniers les deux policiers de la ville. Après les avoir enfermé dans leur propre prison, ils enfilent leurs uniformes et vont se présenter aux habitants, leur expliquent qu’ils sont des renforts de police venus pour les protéger contre une attaque annoncée de la bande de Ned Kelly. 

Après avoir dépouillé la seconde banque, ils vont au bureau de poste pour détruire les lignes télégraphiques, prennent une trentaine d’habitants en otage dans l’hôtel du village où ils passent la nuit. C’est dans cet hôtel que Kelly écrit sa célèbre lettre de Jerilderie, un plaidoyer dans lequel il tente de rétablir la vérité, se fait le porte parole des malheureux colons irlandais comme lui et en profite pour tourner en ridicule la police locale. 

Il essaie de faire imprimer sa lettre par l’imprimeur local qu’il ne peut réussir à trouver, et doit se contenter de la remettre à un de ses otages.

Suite à cet épisode, leur tête est mise à prix pour 8 000 livres par le gouverneur du New South Wales. L’Etat du Victoria ajoute 4000 livres. Un record !

Si toute histoire doit avoir une fin, celle d’une légende doit être légendaire !

Le 27 juin 1880, les gouvernements commencent à en avoir par dessus la casquette des Kelly, ils affrètent un train bondé de policiers pour aller les cueillir dans leur planque. 

Apprenant la nouvelle, le gang Kelly sabote les rails et prend environ soixante-dix otages avant de s’enfermer dans une auberge. 

Dans l’attente, les membres du gang s’équipent d’une armure « faite maison » afin de repousser les balles. 

L’armure de Ned Kelly aura grandement participé à la construction de la légende. Elle est devenue tout un symbole, utilisé pour le représenter dans toutes les peintures, dessins et autre sculptures.

La tentative de faire dérailler le train échoue. Les policiers organisent le siège de l’auberge à l’aube du 28 juin 1880. Après un échange de coups de feu, Ned Kelly fini par sortir et avance vers ses assaillants.

Armé de son fusil, l’histoire raconte qu’il porte sous son armure atypique la ceinture verte offerte par la famille du petit enfant qu’il avait sauvé de la noyade. 

La première salve de tirs rebondit sur le métal mais, touché aux jambes, Kelly met un genou à terre et fini par être maitriser par les forces de l’ordre.

Les autres membres du gang ne survivront pas au siège de l’auberge.

Le jugement de Ned Kelly ne fait guère de doute et, en dépit des 32 000 signatures recueillies par diverses pétitions, Ned Kelly est condamné à mort et pendu le 11 novembre 1880. Ses derniers mots furent : « Such is life » (Ainsi va la vie). 

La mort du bandit fait naitre le héros

La défiance de Ned Kelly envers l’autorité corrompue et son plaidoyer pour mettre fin à la discrimination des colons irlandais a fini par ouvrir les yeux au peuple.

Parmi les personnages les plus célèbres d’Australie, le bandit Ned Kelly est considéré par les uns comme un tueur de policier de sang-froid et par d’autres comme une icône populaire, un Robin des Bois doublé d’un résistant face aux autorités et à l’abus de pouvoir, en outre, une sorte d’étendard pour la lutte contre les discriminations.

La célèbre armure qu’il portait lors de son arrestation est visible à la State Library du Victoria, à Melbourne. On peut également visiter la Melbourne Goal, où il a été exécuté, une des attractions phares de la Capitale du Victoria. Une immense statue de Ned dans son armure trône à Glenrowan aujourd’hui.

L’Australie s’émancipe 

Ce n’est pas du fait de Ned Kelly, mais c’est de son vivant que l’Australie obtient une certaine autonomie, puis son indépendance.

En effet, durant la seconde moitié du XIXe siècle, les nouveaux australiens sont de plus en virulents vis à vis de la manière dont ils sont gouvernés. Londres  lâche donc du leste et accorde dans un premier temps une certaine autonomie à ses colonies australiennes. 

Motivés par leur souhait de démocratie, les australiens inventent de leur côté le principe du vote secret, permettant à chacun de sélectionner le candidat de son choix… tout en restant anonyme.

Le suffrage universel est adopté en 1855 par le South Australia qui entrainera dans son sillage les autres colonies. 

Bien sûr, à l’époque, le suffrage « universel » est une notion toute relative : seuls les citoyens britanniques de sexe masculin sont autorisés à voter et il faudra attendre 1861 pour que les femmes puissent voter aux élections locales, et 1895 pour que ce privilège s’étendent à l’élection du parlement.

À partir de là, plus aucune limite ! Du coup, les aborigènes seront à leur tour autorisés à voter pour les premières élections fédérales de 1901.

Les colonies jusqu’alors indépendantes s’unissent : le Commonwealth d’Australie est né et c’est une première étape essentielle et fondatrice pour la nation. 

Bon, la première politique du parti élu au pouvoir sera celle de l’Australie blanche (« White Australia ») visant à préserver les origines et les valeurs britanniques et au passage à « controler » les immigrants en provenance d’Asie… mais bon la démocratie ne s’obtient pas d’un claquement de doigts…

Les guerres et ces conflits du bout du monde

Si pour nous, l’Australie est le bout du monde, il faut se dire que pour eux, le bout du monde… bah c’est nous. 

Du coup on peut se dire que pendant que l’on jouait à la gueguerre sur les territoires européens, les australiens pouvaient profiter de leur émancipation récente pour potiner leurs techniques de surf, mais il n’en est rien. 

Entre 1914 et 1918, plus de 400.000 australiens, soit entre 30% et 50% de la population masculine éligible du pays à cette époque, se portent volontaires pour aller combattre aux côtés du Royaume Uni. Rien que ça !

Pendant la seconde guerre mondiale, pour la première fois, l’Australie est victime d’attaques adverses sur son propre sol : le 19 février 1942, les japonais bombardent Darwin, détruisant une bonne partie de la ville. Des dizaines d’autres raids aériens auront lieu jusqu’à la fin de la guerre et les australiens seront obligé d’aller attaquer les potions ennemies dans les pays voisins pour ne pas se faire envahir (à nouveau).

L’Australie multi-culturelle

Apres la guerre, l’Australie repart du bon pied et pari sur le multi-culturalisme. Bien que la plupart des immigrants soient toujours d’origine britannique, on voit débarquer les premiers grecs, italiens, turcs et libanais. Tout va tellement bien qu’en 1959, la barre des 10 millions d’habitants est atteinte.

Les droits des aborigènes continuent progressivement à être reconnus par les gouvernements successifs. Malgré tout, il faudra attendre l’élection de Kevin Rudd en 2007 pour que le gouvernement australien présente enfin des excuses officielles au peuple aborigène pour leur mauvais traitement lors de la colonisation. J’aurais envie de conclure cet article ainsi, mais je dois toutefois nuancer en disant qu’il reste de la roue à parcourir avant d’arriver à une intégration du peuple aborigène. 

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