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Valparaiso m’en a fait voir de toutes les couleurs !

Valparaiso est connue pour nous en faire voir de toutes les couleurs ! Son histoire, ses quartiers perchés sur les collines, son port commercial mais aussi ses maisons colorées et son gout prononcé pour le street Art, vous donneront l’impression d’un joyeux bordel. C’est d’ailleurs pour ça qu’on aime venir s’y perdre !

Un tour et des rencontres

Depuis l’Australie, j’ai pris l’habitude de faire ce que l’on appelle des « free tours » quand j’arrive dans une ville. Rien de vraiment gratuit mais une prestation qui repose plutôt sur la générosité des gens qui donnent ce qu’ils veulent à la fin de la visite.

Généralement les visites sortent un peu de la visite traditionnelle. Jusqu’à maintenant je n’ai eu que des guides étudiants ou relativement jeunes ce qui donne un ton plutôt décontracté  à une visite qui se veut plus décontractée.

À Valparaiso, ma visite a été mené par un jeune français installé depuis peu dans la ville. Graffeur à ses heures perdues, il nous a appris à comprendre et analyser les graffitis que l’on peut trouver dans quasiment toutes les rues de la ville (nous y reviendrons).

Ces visites sont également pour moi l’occasion de rencontrer de nouvelles personnes et après plusieurs semaines sans avoir rencontré beaucoup de français, ce tour dans la langue de Molière tombe à pique ! C’est durant cette visite que j’ai en effet rencontré Valentine, Flora et Caroline, trois parisiennes venues décompresser en Amérique latine la pression accumulée par le passage du concours de médecine. À leur retour en France elles seront internes mais d’ici là, sac à dos plus grands qu’elles sur le dos, elles arpentent le Chili avant d’aller en Bolivie et au Perou… ça tombe bien, comme moi !

Nous sympathisons assez vite et décidons d’aller échanger nos plans et projets autour d’un verre.

Il fallait bien que je visite un commissariat !

C’est là que j’ai pu découvrir une autre facette de Valpo (autre nom donné par les intimes à Valparaiso). Sur les conseils de notre guide, nous allons dans une rue animée et finissons par nous mettre d’accord sur un bar qui offrait un mojito pour un acheté. Deal !

À l’intérieur du bar, pas grand monde. un couple se roule des pelles à une table près des toilettes et les serveurs semblent s’ennuyer en attendant le rush.

Alors que les murs sont ornés des visages de rockeurs légendaires tels qu’Hendrix ou Lemmy, un fond sonore très 70’s nous met dans l’ambiance.

Je ne voulais pas prendre mon sac à dos dans un bar mais l’auberge étant loin, je me résigne à le pose sur le dossier de ma chaise en prenant soin de bien mettre mon manteau par dessus.

Nous ne voyons pas arriver un groupe de trois personnes qui s’installent juste derrière nous. Ils n’avaient pas l’air menaçant mais un premier geste me fait tiquer et lors que je me retourne,, le garçon fait mine de se gratter la tête. Je fais part de mon sentiment aux filles qui n’ont rien remarqué. je me retourne à nouveau et nous voyons les 3 personnes quitter le bar d’un pas pressé. Je mets machinalement ma main contre mon sac mais ma liseuse avait disparu,. nous leur partons après, en vain, ils avaient déjà tourné dans une petite ruelle. Les serveurs, témoins de cette scène, comprennent que je m’étais fait dépouillé et appellent la police. Par chance, le consul de France était tranquillement en train de boire un verre avec un ami en terrasse et vint proposer se services d’interprète.

Ainsi, lorsque nous arrivons au poste, les filles et moi, je n’avais plus qu’a donner les derniers détails grâce à mon ami google translate et à parapher les documents. Les deux policiers ont été très aimables et nous ont proposé de nous ramener jusqu’à mon hôtel. De là, et après avoir déposé mes affaires, nous sommes partis dans l’auberge des filles pour passer une soirée autour d’un feu pendant que des amis du proprio tapaient un boeuf… avant que tout dégénère… en karaoké cette fois ! 

Campion del mundo !!!

Dans, 20 ans, lorsque l’on me demandera où j’étais en 2018 pour le sacre des bleus, je pourrais le dire : j’étais à Valparaiso !

Je me souviens parfaitement de la soirée en famille, en Ardèche lors de la victoire de 98, je pense que je me souviendrai longtemps de celle-là aussi !

On nous avait donné un plan pour aller dans un restaurant français, la Franchetouss, dans lequel la communauté française de Valparaiso allait se rassembler pour regarder la finale. 

Nous faisons bien de nous y présenter à l’avance car au coup d’envoi, plus une place dans le bar, assis comme debout. Tout le monde avait un maillot de la France ou les joues peinturlurées. Nous ne nous connaissions pas 1h avant mais pourtant, le temps d’un match, toutes les personnes présentent dans le bar étaient les meilleures amis du monde et après une victoire 4 à 2, je peux vous dire que, même pour moi qui ne suis pas des plus tactile, les accolades, embrassades, bousculades, douches de champagne… de bière… ont fini d’acter un pacte jusqu’alors tacite. Désormais nous pourrons le dire, pour le sacre des bleus, nous étions à Valparaiso !

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Par contre, joie ou malheur du décalage horaire, nous voici, toute une bande de franchouillards un brin éméchés alors qu’il n’était qu’à peine plus de midi. Bien sur il n’était pas question pour nous de reprendre une journée normale. Je me voyais mal aller visiter un musée, aller faire un tour en bateau ou même aller flâner en ville alors que la France venait de nous faire vivre tant d’émotion. Et puis d’ailleurs je n’avais pas envie que cette journée soit normale tout court !

Alors quand Miguel et Damiens, le proprio de l’auberge des filles et un des musiciens nous on proposé de les accompagner dans un des cerros (colline) faire la fete, nous n’avons pas eu le temps de nous concerter avant de leur emboiter le pas. 

Arrivés devant une palissade en taule, nous ne nous sommes pas demandé ce qui nous attendait derrière. Nous avions quitté le centre et cela se voyait. Les maisons étaient délabrées, le goudron était réparti de manière aléatoire dans les rues et aucun grignon à l’horizon. Heureusement, nous pouvions faire une confiance aveugle à Miguel qui, comme j’aime le faire à Arles, nous avait proposé de nous faire découvrir le Valparaiso authentique. Nous faire sortir de la zone UNESCO et nous faire rencontrer les vrais gens. 

Alors quand nous avons franchi la palissade, quelle fut pas notre bonheur de voir une sorte de bar en plein air avec des tables éparpillées un peu partout. Des gens de tout age dansant en faisant tourner leurs foulards blancs pendant que des groupes se relayaient sur une scène improvisée. Un des serveurs s’est précipité sur nous « Campion del Mundo ! », j’avais alors oublié que nous étions tous maquillés. Il nous installa à une table et nous proposa de la bière au litre des empenadas et nous approvisionna régulièrement jusqu’à 21h. 

À cette heure-ci, notre équipe avait quelque peu évolué. Quelques uns étaient partis, remplacer par d’autres, Miguel et Damiens étaient vissés à leur chaise et s’amusaient à nous voir nous éclater chez eux. 

La journée touchait à sa fin mais nous ne voulions pas rentrer pour autant. Ainsi, Miguel nous proposa d’aller acheter quelques bouteilles et de l’accompagner dans une soirée privée. Comme pour sa première proposition, aucune concertation nécessaire, nous lui emboitons le pas, nous arrêtons dans une épicerie et nous voila arrivée devant la porte d’un immeuble de la zone plate de la ville. La soirée est au bénéfice d’une association permettant aux enfants des cerros les plus défavorisés d’avoir accès à l’école (lorsque la fille m’explique ça, je prends mon air le plus sérieux et acquiesce de la tête mais en réalité… je n’ai rien compris et ma tête était déjà dans le couloir à savoir ce qui allait nous attendre cette fois-ci.

Nous entrons dans un appartement vide. La cuisine est pour l’occasion transformé en bar, le salon permet de se poser tranquillement tandis que trône au milieu de la salle à manger une scène carrée sur laquelle Damiens est déjà entrain de chatouiller sa guitare. Nous sommes bien. Je ne sais plus trop à quelle heure je suis rentré mais une chose est sure, j’ai bien fêté la victoire ! 

Le lendemain, il me fallait retourner au commissariat pour récupérer ma déposition. J’ai alors compris que quelque chose avait changé quand le policier pris 3 bonnes minutes pour écrire un message sur mon portable. Il le traduit et après m’avoir souhaité une bonne fin de voyage, il conclu d’un simple « et félicitations pour votre victoire, Campion del Mundo ! ». Dorénavant, je ne serais plus ce simple français de passage et pour les semaines qui suivirent, je serai également « Campion del Mundo ! ».

Un peu d’histoire

Avant l’arrivée des conquistadors, Valparaiso était était peuplé de petites communautés de pêcheurs indigènes et la région était rattachée à Empire Inca. 

Au XIVe siècle, alors que les espagnols avaient mis la main sur lAmérique du Sud, Valparaiso devint officiellement le port de Santiago.

Toutefois, ce titre ne suffit pas à convaincre les espagnols de venir s’y installer. C’est ainsi que,  près d’un siècle après, toujours aussi peu attractive, la ville fut la proie (facile) des corsaires et pirates anglais, comme Francis Drake (note pour moi même Sir Francis Drake m’intrigue déplus en plus depuis que j’ai commencé à m’intéresse à Magellan). 

Ces félons ont mis à sac la région, conservant l’or destiné au Pérou. La création du Corregimiento (sorte de province dirigé gouverneur dont la mission est de faire marcher au pas tous ces indigènes empêchant le commerce de se développer sereinement et surtout entre gens biens !)  a permis d’améliorer la situation. Petit à petit, le port a commencé à prendre de l’importance, la population a commencé à construire des habitations et à édifier des églises. 

À partir de l’indépendance du Chili, la ville est devenue le passage obligé des routes maritimes partant de l’Atlantique et arrivant aux îles et côtes pacifiques, et a quadruplé son activité commerciale. De nombreux anglais, allemands, français, italiens et américains du nord se sont installés à Valparaiso et ont pris les rênes du commerce d’importation. Nous observons encore aujourd’hui les traces de ces présences en observant les casernes de pompiers de la ville. Chaque pays annoncé dispose de la sienne. Les centres de pompiers jouaient alors le rôle de mairie de quartier et de centre communautaire. Chaque nouvel arrivant francais par exemple, se présentait à la caserne et les pompiers bénévoles s’occupaient de l’aider dans sa recherche de logement et d’emploi. Aujourd’hui encore, et même si plus un pompier n’est francais dans la caserne française, par tradition, les bénévoles défilent pour le 14 juillet.

Bref, tout s’accélère pour Valparaiso qui en 1910, devient la capitale économique du Chili. Sa population a par conséquent augmenté, passant à 160 000 personnes. 

En juin 2003, la ville a été déclarée Patrimoine de l’Humanité par l’UNESCO.

La ville aux mille couleurs

Ainsi, l’architecture de Valparaiso est un formidable marqueur de son histoire. S’y côtoient les baraques des pêcheurs, les habitations dans les cerros (collines) et les demeures luxuriantes des européens enrichis grâce au commerce. 

Toutefois, ce ne sont pas ces dernières qui retiennent l’attention des visiteurs mais bel et bien les maisons de bric et de broc.

En effet ces dernières sont interessantes à bien des titres. 

Ce qui m’a le plus marqué est l’inventivité des habitants de Valpo allant chercher les tôles des containers laissés à l’abandon par les cargos pour recouvrir les murs en briques de terre. 

J’ai aussi beaucoup aimé apprendre que l’origine des couleurs uniques des maisons de Valparaiso (véritable identité de la ville) ne sont en fait que le fruit d’un mélange approximatif de toutes les peintures  utilisées pour repeindre les containers. Ces peintures anti-rouille, anti-érosion, anti-tout… censées tenir durant les longues traversées en mer allaient du jaune au bleu en passant par le vert et le rouge (les codes couleur des containers définit leur contenu si je ne dis pas de bétise). Ainsi, leur mélange assurait au propriétaire une couleur unique et un sacré remède contre la morosité. 

Ces maisons semblent ne tenir que par la volonté de Didier Deschamps (dieu païen) mais, chose étrange, les ingénieurs japonais sont venues les disséquer pour tenter de comprendre leur résistance aux fréquents séismes dans la région… comme au Japon.

Enfin, comme Melbourne en Australie, la ville est une place forte du Street Art. La plupart des murs de la ville sont recouverts de graffitis. Comme à Melbourne, ce mode d’expression est légal. Mais comme en Amérique du Sud, le développement des graffitis est assez anarchique et comme l’être humain n’en perd pas une, les graffeurs les plus populaires ont décidé d’en faire un petit commerce en profitant d’une règle tacite dans le milieu : « Le Graff de ton voisin tu ne recouvriras point ». Ils sont donc allés faire du porte à porte chez les propriétaires en ayant marre de voir leurs murs recouverts de vulgaires tags (signatures ont autres slogans poétiques) et leur ont proposé de réaliser pour eux, une fresque qui donnera le bâton d’immunité à la façade fraichement décorée. Malynx le Lynx !

Grace à cet artiste, la banque n’aura plus a se soucier de sa devanture !

 

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