L’enfer du Huayna Potosi

Dans la liste de mes rêves à accomplir durant ce tour du monde, gravir un 6000 occupait les toutes premières places au même titre que passer mon diplôme de plongée ou encore aller percer les mystères de l’Ile de Pâques. 

Autant, mon penchant pour l’histoire ou le fait que je sois né le cul dans l’eau sont deux raisons crédibles pour expliquer ces dernières envies, autant, je ne connais rien à la montagne et j’ai du mal à m’expliquer ce qui m’a poussé à vouloir entreprendre une telle expédition.

Comment cette idée m’est-elle venu ? Pourquoi ne pas parvenir à me la sortir de la tête. Je n’ai aucune notion d’alpinisme et ne suis même pas un bon randonneur. Je cours, mais même là, sur mes 3 derniers trails, je me suis fait deux entorses qui m’ont plombées l’année 2017. La première lors d’une reconnaissance de nuit du parcours du Nimes Urban Trail en testant des nouvelles chaussures (je l’ai cherché celle là !), la seconde lors du tour du Pic Saint-Loup qui, avec ces 1100m de dénivelé positif, ressemblait fortement à ce que j’avais fait de mieux en terme de course. 

On est donc loin des chiffres annoncés pour l’ascension du Huayna Potosi. 

Cela peut vous paraitre bizarre mais l’idée que ce soit un défi que je veuille lancer à mon handicap ne me vint pas de suite. Pourtant, c’était clair. 2017 avait pour moi été une année difficile. Je voulais trouver un nouveau challenge professionnel et me retrouvais recalé systématiquement, souvent sans véritable raison apparente. Tout s’éclaira le jour où j’ai postulé dans une boite pour un poste de chargé de comm’. Une amie discrète faisait partie des murs et avait assisté à la scène. Parmi les finalistes, mon dossier avait été sélectionné par les quatre recruteurs. J’avais gagné le droit de passer un l’entretien comme 5 autres candidats. Sauf que le directeur s’est opposé à ma candidature car l’ancien chargé de comm’ avait l’habitude d’aller faire le plein de sa voiture et diverses courses dont le lien avec le métier m’échappe. Bref, j’étais écoeuré. Pour moi il ne m’étais pas venu à l’idée qu’on puisse écarter une personne de part son handicap. Depuis, j’avais perdu un peu confiance en moi et lorsque j’ai décidé de partir faire mon tour du monde, je pense que de mettre fixé de tels objectifs me permettait de tester mes limites. 

Pendant un an, personne ne sera là pour me dire que telle chose n’est pas adaptée ou encore que je ferais mieux de réfléchir à deux fois avant de faire ceci ou cela. Cette année c’est moi qui défini les bornes de ce qui m’est accessible ou pas… Et cela tombe bien, comme je ne vois pas grand chose, il m’est difficile de retrouver ou j’ai bien pu placer mes limites !

Ainsi, je me suis dis que ce 6000m qui me hante depuis les préparatifs de ce voyage, est en fait un blindage que je cherche à m’administrer. Non pas pour le mettre sous le nez de quiconque remettra en cause mes capacités, rien de plus vain que de vouloir faire changer un idiot, mais plus pour m’éviter la déconvenue provoquée par la désillusion relatée plus haut. Ainsi, me dis-je, la prochaine fois qu’une personne me renverra à mon seul problème de vue, dans mon fort intérieur, je pourrais remonter respirer l’air frais des sommets enneigés, observer les requins taureaux ou barboter avec les alligators (tout en me disant qu’il m’aurait été de toute manière impossible de travailler avec une personne pouvant penser ainsi). 

Une fois ceci éclairci, je pensais pouvoir passer à autre chose et je le fit plutôt bien. Mais la date de l’ascension approchant, je me rendis compte que le poids du symbole que j’avais accroché au sommet de cette montagne devenais lourd à porter. Ainsi, dix jours avant l’ascension, je commençais à y penser régulièrement, me perdant dans mes pensées le temps d’une minute. Cinq jours avant l’ascension, les nuits furent de plus en plus agitées. Des souvenirs remontaient et une fois réveillé, il m’étais difficile de retrouver le sommeil. La veille du départ je ne dormi que 2h, restant les poings serrés le reste du temps : « Et si je n’y arrivais pas ? ». 

La probabilité d’échouer est pourtant élevée : 50% des personnes se lançant dans l’ascension échouent.  Pourquoi devrais-je m’imposer la réussite ou le pilori ? De toute façon il est trop tard ! Il est 8h du matin et je dois rejoindre les autres apprentis alpinistes à l’agence. 

Nous sommes un groupe de 5. Julien, un français rencontré lors de mon séjour sur le lac Titicaca est passionné de trek. Il avait dans l’idée de faire un sommet et je l’ai convaincu d’être mon partenaire de cordée autour d’une truite à Copacabana. Enrico, l’italien, profite de ses vacances pour aller crapahuter dans les montagnes. Il revient d’un trek de 10 jours dans les montagnes du Népal et semble avoir pas mal d’expérience. Il nous accompagnera beaucoup lors de nos périodes de doutes. Cormac, l’Irlandais est nomade-digital, il vit du coté de Vancouver et adore le ski. Il prépare cette ascension en allant courir sur les hauteurs de La Paz tous les matins depuis une semaine. Enfin Egor, le chilien, est dentiste. Il a apporté son propre matériel et s’est fixé ce 6000m pour fêter sa première année dans un club d’alpinisme. Moi, cela fait 7 mois que je me fais bourlinguer à travers le monde, allant de bus en bus et n’ayant pas couru depuis mon séjour à Brisbane. Je déglutis. Je commence à comprendre que pour faire un 6000m, et même un des plus facile au monde (le Huayna Potosi a cette réputation), il faut un minimum se préparer. Moi, mon unique préparation c’est d’être allé m’empirer de truites sur le lac Titicaca pour passer quelques jours à 4000m d’altitude après être allé à Rurrenabaque. 

L’ambiance est malgré tout décontractée. Nous nous présentons en essayant notre matériel. Enrico est marrant ! Enfin quelqu’un qui parle anglais en prononçant les « R » comme moi ! Un mec bien, cela ne fait aucun doute. 

Pour autant, sur le trajet vers le camp de base, l’ambiance reste plutôt posée dans le mini-van. Chacun écoute sa musique et à chaque virage nous levons les yeux vers le ciel en devinant un peu plus le sommet enneigé du Huayna Potosi. 

4800 mètres

Arrivé au camps, pas de temps à perdre, nous enfilons nos tenues, avalons une omelette et du riz et partons pour une initiation sur un glacier. Au programme, les différentes techniques de marches avec crampons, la marche encordée, et « pour la photo » l’escalade d’un mur de glace d’une quinzaine de mètres. 

Tout le monde va bien. Mario et Juan, nos guides sont sympas et font leur maximum pour nous mettre en confiance. Je dois avouer que ça marche et je commence à vraiment avoir envie d’en découdre !

Nous rentrons au camp pour manger. Il fait bien trop froid pour ne serait-ce qu’imaginer prendre une douche et rien que l’idée de savoir que les toilettes sont à l’extérieur nous fait d’avance regretter chacune de nos gorgées d’eau… qui ira en premier aux toilettes dans la nuit ? 

Le lendemain matin, nous nous faisons plutôt chier avouons-le. Nous sommes tous réveillé aux aurores en ayant dormi d’un sommeil découpé (à peine plus de 3h pour ma part) mais devons attendre 11h avant d’aller au camp d’altitude. Alors nous lisons, nous écoutons de la musique et chacun raconte ses anecdotes de voyages. Nous déjeunons à 10h30 puis décollons.

5200 mètres

Nos sacs sont lourds, plein à craquer de tout le matériel que nous devrons utiliser pour l’ascension finale. Le mien dois peser une douzaine de kilos et je m’en sors bien par rapport à ceux qui doivent transporter leurs grosses chaussures de randonnée. 

La grande partie de la randonnée est plutôt agréable, nous montons doucement et découvrons glaciers et lagunes sur notre route. Le chemin est tracé et même si les chaussures étanches que nous a prêté l’agence sont pas très confortable (un mix entre chaussure de randonnée et chaussure de ski), finalement les difficultés sont assez facilement dépassées. 

Après 2h de marche, nous arrivons à une sorte de péage. C’est vraiment là que commence l’ascension. Nous enfilons nos crampons. Je vois la route qui nous attendant et derrière certains virages, le camps d’altitude nous nargue. Il est si près et pourtant si loin ! J’ai l’impression d’être à 5 minutes de pouvoir l’atteindre alors qu’il nous reste presque une heure de marche. 

Apres une quinzaine de minute, Juan se retourne et nous annonce que nous venons de franchir le cap des 5000m. Nous voyons une fille pleurer. Son guide ne lui avait pas fait mettre ses crampons et elles se fatiguait à glisser sur les pentes de plus en plus raides menant au camp. C’est là que je m’aperçu que les techniques apprises la veille étaient vraiment utiles et que même si Juan nous présentait ça comme un jeu pour qu’on ait des choses à raconter, en réalité, son apprentissage aura été efficace. 

Cela ne nous empêcha pas de commencer à être vraiment essoufflé à l’approche du camp et jusqu’a avoir le souffle coupé en voyant deux Cholitas dévaler la pente en courant. Ce sont les cuisinières du camps d’altitude et elles montent et descendent chaque jour jusqu’à ces 5200m en étant chargées comme des mules ! La vie est injuste ! 

Arrivés au camp après 2h45 de randonnée, nous prenons directement une collation. Je remarque que depuis le début, les guides nous observent beaucoup et nos repas sot simples mais préparés avec soin. Ils scrutent le moindre symptôme du au mal de l’altitude. Pour l’instant rien à signaler. Ce matin j’avais du prendre un doliprane mais je pense que c’était du à une lecture trop longue sur mon iPhone (vivement que je récupère une tablette !). 

Nous dinons à 17h et Juan nous presse à aller au lit à 18h30. La nuit, s’annonçant courte du fait d’un réveil programmé à minuit, le fut d’autant plus qu’à 5200m d’altitude, aucun d’entre nous n’a réussi à dormir plus d’une heure trente. Nous étions d’ailleurs tous au aguets lorsque le réveil sonna. A la lueur de nos frontales nous enfilons nous multiples couches de collant, polaire et autres t-shirt thermiques. Un moins 15c est annoncé et le vent a décidé de se joindre à la partie. J’aime pas le vent… 

Départ

Nous sommes encordés en équipe de 3. Un guide pour 2 grimpeurs amateurs. Ivan nous a rejoint pour s’occuper de Cormac et Egor et Enrico est seul avec Mario son « guide, psychologue et confident » comme il aime le présenter. Déjà hier, Enrico avait montré quelques signe de faiblesse et en effet, Mario lui faisait relativise chaque pas supplémentaire. 

Julien et moi fermons la marche. Le rythme que nous impose Juan est lent mais nous devons tenter de garder au maximum notre énergie. 

Dès les premiers pas, le vent se présente à nous. Mon visage est fouetté par la neige qu’il nous envoie en rafale. Je regarde mes pied et en plus de bloquer ma respiration, cela me fait m’apercevoir que chaque pas dépasse d’un demi pied le précédent. Je me dis que nous en avons pour 6h et commence à apercevoir l’enfer qui nous attend. 

Pourtant les deux premières heures se passent plutôt bien. Chaque pause est la bienvenue mais je n’ai aucune difficulté ni à boire ni à langer un morceau de barre aux céréales. Le souffle est court mais rien de surprenant vu l’altitude. Je garde le moral. 

5500m

Le cap des 5500m se fit sentir. D’abord, je du m’arrêter pour prendre un médicament contre le mal de l’altitude, un début de migraine me vint et Juan me conseilla de le stopper avant qu’il ne s’accentue trop. J’ai toujours le souffle court mais parviens à boire suffisamment. Par contre, impossible d’avaler le morceau de barre que je me réservais à chaque pause. Je commence à avoir un gout de fer dans la bouche et il m’est impossible de déglutir. Nous repartons. 

À partir des 5500m le rythme ralentit encore. Nous continuons à garder la même chorégraphie des demi-pas par demi-pas, tantôt en avançant de face, tantôt, lorsque la pente se faisait trop raide, en avançant comme des crabes, par contre, je remarque que nous faisons une pause de deux respirations tous les dix pas. Au début, ne comprenant pas l’utilité de cette démarche, je ne m’arrêtais que trop tard, continuant à fixer mes pieds et me faisant rappeler à l’ordre car je ne respectait pas la distance entre moi et mon équipier. De ce fait, la corde se détendait et nous risquions l’un ou l’autre de marcher dessus et de tomber. 

5600m 

C’et à peu près à 5600m que je compris que nous n’arriverions pas au sommet. 

Nous étions en train d’évoluer sur une pente plutôt raide, sur un chemin si étroit que l’on ne pouvais y rester à pieds joints. La neige était molle et chaque demi-pas nous demandait une énergie folle. Je choisi d’évoluer en crabe, mes pieds formant un angle perpendiculaire avec la pente, j’avais ainsi plus de crampons susceptibles de m’empêcher de glisser. Julien continua lui à avancer face à la pente et je voyais bien qu’il s’énervait à glisser d’un pas à chaque demi pas de gagné. Il fini par chuter. Son bâton s’enfonça jusqu’au poignet dans la neige ce qui le déséquilibra et entre l’énervement et la fatigue, il se débattu pendant près d’une minute avant de se remettre debout. Juan lui demanda si tout allait bien et eu comme toute réponse « cela fait combien de temps que l’on est parti ? ». Nous en étions à peine à la moitié et cette nouvelle porta, je pense, un coup fatal au moral de mon équipier. Il dit que tout allait bien et nous reprîmes la route. 

5800m

Cela fait maintenant 4h que nous sommes parti. Nous enchainons lacets; montée raide et zones plus plates. Je ne fais plus la différence. Chaque pas devient un effort intense et la neige molle commence à jouer sur mon moral. Cela fait une demi heure que je me force à ne pas penser que peut-être que la marche était trop haute pour moi. Je regarde Julien devant moi et il semble avoir récupéré. Notre rythme est lent mais nous sommes loin d’être les derniers. Je me dis que l’on peut ralentir un peu sans mettre en péril l’expédition (il faut que chaque groupe ait entamé la descente avant 7h du matin). 

Les pauses sont de plus en plus fréquentes. Au fur et à mesure, je n’arrive plus à mentir à Juan qui avait pris l’habitude, plutôt que de nous demander si nous allions bien de nous interpeller en disant : « un whisky ?!? ».  Nos réponses passant progressivement d’un « tout va bien » accompagné d’un rire un peu forcé pour tenter de le lui prouver, à un « ça va » puis à un « ça pourrait aller mieux ». A 5700m je me suis surpris à lui dire que j’en chiais mais qu’il devait m’empêcher d’abandonner. 

Ainsi, à 5800m je sais pertinemment que physiquement, je ne tiendrai pas. Je restais pourtant convaincu que j’arriverai à serrer les dents pour les 2h30 de montée qu’il nous attendais. 

Les pauses devenaient de plus en plus fréquentes. Je ne mangeais plus rien. Je commençais à sentir que ma vue, sans doute à cause du manque e sucre, était moins réactive. Je fixais le dos de Julien et dès le premier pas après chaque pause, je me disais qu’une prochaine n’allait pas tarder à arriver. 

Je suis de ceux qui pense qu’une personne en mouvement doit avoir un objectif. Si l’on se met à bouger c’est pour aller d’un point A à un point B et afin d’essayer de rationaliser ce trajet (il devient difficile de rester rationnel quand un trajet qui ne nous prendrait qu’une minute en temps normal nous prenait peut être dix minutes et une énergie folle) en créant des objectifs intermédiaire. Ainsi, mon point B qui, au début de l’ascension, était un point au loin, se transforma en une série de points intermédiaires, tentant d’imaginer à quelle moment allions nous faire une pause. 

J’avais ainsi commencé à faire abstraction de mon souffle court, de mes pieds gelés et de la fatigue qui me faisait trembler comme un feuille à chaque pause. Pas de froid mais nerveusement, comme lorsque l’on tape du pied sous la table ou lorsque l’on tient un position trop longtemps. 

Je pensais que Julien avait lui aussi trouvé sa parade. Il avait l’air moins frustré et avançait à un rythme qui ne laissait rien paraitre d’anormal. Pourtant, lors d’une pause anodine sur une zone plutôt facile, Lorsque Juan lui demanda si ça allait bien, Julien lui demanda a nouveau combien de temps il restait. Je senti que c’était le coup de grâce. Lorsque Juan lui demanda s’il était pris à partir, il me regarda furtivement et dit oui. Il leva la tete, avance de dix pas, vu la pente qui nous attendait et s’arreta : « Je peux plus ». La façon qu’il eu de le dire me fit comprendre qu’il en pouvait plus depuis longtemps, sans dote depuis sa chute mais qu’il continuait pour moi. Son « je peux plus » sec et rapide laissa s’exprimer toute sa frustration, son regret mais surtout son soulagement. Il devait le ruminer depuis un moment et il avait enfin réussi à le dire. Juan n’insista pas. Il s’avança vers moi et appela Ivan qui avait déjà entamé la montée avec Cormac et Egor. « tu te sens ? » me dit-il. Le vent, comme un rappel m’envoya une énième rafale de neige sur les lunettes. « Dépêche toi de prendre une décision ! ». « Cela veut dire que nous serions 3 encordés avec Ivan !?! Il fait un temps de merde, t’en pense quoi ?. Il ne répondit pas. Je regardais Julien. « Je vais redescendre avec vous. On est une équipe, c’est le jeu ! On reste ensemble jusqu’au bout ». Un guide derrière moi me fit comprendre que c’était la bonne décision. Que la montée s’annonçait dure et à 3 à la limite de la bêtise. 

Juan dit à Ivan  qu’il pouvait repartir, que l’on redescendait au camp? Il se tourna à nouveau vers moi et me demanda si je me sentais d’être premier de cordée. Je ne me souviens plus trop ce que j’ai bafouillé mais j’ai compris que pour notre sécurité, il fallait mieux que je réponde oui. En effet, le premier de cordée en monte est censé assurer ses poursuivant. Mais en descente, c’est le dernier de cordée qui ce doit d’être le plus alerte en cas de chute (enfin je crois). Ainsi mon rôle n’étais autre que d’ouvrir la voie. Je m’en contenterai ! Je n’aurai pas fait mon 6000m mais j’avais la responsabilité de ramener Julien, exténué au camps. 

Tout ne commence pas de la meilleure des manière puisqu’à peine m’étais-je retourné que mon crampons se prit dans mes lacets m’infligeant un petit croque en jambe me faisant perdre l’équilibre. Heureusement, le chemin était large et la pente douce. Un petit coup de piolet suffit à stopper ma course et je pu me relever seul faisant sourire Julien et Juan. Nous nous mimes en route.

Le vent avait effacé nos traces, ainsi, je ne pu me repérer, lorsque c’était possible, qu’a un fin filet laissé, comme une arrête au sommet d’un crâne chauve. Par-ci par-la je voyais de la neige retournée. C’était là que les groupes faisaient leurs pauses, je me rendis compte qu’elles étaient bien plus régulières que ce que j’avais imaginer. Environ une pause tous les 150m. Je gardais une allure rapide. Plus nous descendions, plus je me rappelais comment nous en avions bavé. La neige nous fouettait toujours le visage et le vent se renforça de plus belle. Si bien que lorsque nous nous approchions du camp, je n’avais pas besoin de le voir, le bruit des toiles et des fenêtres suffisait à me rendre compte que nous approcions. Ceci ne m’empecha pas de me tromper 2 fois de routes en l’espace de 5 minutes et à moins de 500m du camp. 

Arrivé, Enrico nous attendait. Lui aussi avait du se résigner à rebrousser chemin. Il me dit que le fait de s’être convaincu d’essayer était déjà une victoire et qu’il ne regrettait absolument rien. La prochaine fois sera la bonne. Je vais me coucher sur cette parole pleine de sagesse. 

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