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Le panama : Chapeau emblématique de… l’Equateur

Cette information, comme le fait de savoir que c’est bien Canberra la capitale de l’Australie, peut vous rapporter gros lors d’un trivial poursuite ou d’un quelconque jeu de connaissances… genre le burger quiz ! Maintenant lorsque quelqu’un vous demandera d’où vient le chapeau « Panama » (et oui, on vous le demandera tôt ou tard) vous pourrez bomber le torse, doucement racler votre gorge pour faire monter le suspense et répondre calmement « Bah d’Equateur, elle est ouf ta question ! » Et ainsi scotcher l’assistance, faire se pâmer les demoiselles z’et les damoiseaux, et ainsi enfin être en haut de l’affiche (ouais, Aznavour est mort cette semaine, c’est dimanche et je suis fatigué !).

 

Connu du monde entier, ce chapeau de paille qui porte le nom d’un pays est en effet originaire d’un autre, mais pourquoi ?

D’abord, car c’est uniquement en Equateur que pousse la cardulovica palmata ou paja toquilla, feuille de palme qui, une fois séchée, est tissée manuellement  pour en faire cette coiffe, découverte par les conquistadors au début du XVIe siècle, et nommée « sombrero de paja toquilla » (soit chapeau de paille de châle).

Trois siècles plus tard, ces « toquillas » étaient portées un peu partout, du Pérou aux plantations de cacaoyers d’Amazonie et d’Amérique centrale et même ailleurs !!! Allez celle là elle est cadeau mais n’en abusez pas trop lors des diners en famille sous peine de provoquer crise d’épilepsie et évanouissement : il se dirait même que Napoléon, à Sainte-Hélène, délaissait parfois son célèbre bicorne pour un Panama (qui ne s’appelait pas encore ainsi) ! Imaginez Napoleon en Panama… Comprenez-vous le devoir que vous avez de manipuler ce « peut-être » vrai fait avec précaution ?

Mais alors pourquoi diable ce couvre-chef prend-il le nom de Panama ? Et pourquoi appelle t-on un couvre-chef un couvre-chef ? Tant de questions qui avaient déjà trouvé leurs réponses… (ah, on me dis dans l’oreillette que tout le monde s’en fout…)

Pour le couvre-chef, ce terme était employé au temps jadis (à peut près naguère§re quoi) pour nommer ce que les hommes (appelés alors damoiseaux, mais aucun rapport avec la légende de l’homme oiseau hein !) portaient pour se couvrir le chef, comprenez la tête. Mais ne vous y trompez pas. À l’origine (AHAH !! rebondissement) le couvre-chef ne désignait pas un chapeau mais nommait plutôt un bout de tissu, porté par les moins aisés qui pendant ce temps, eux, (les zézés) se la pétaient gratte avec des hauts-de-forme. 

Aujourd’hui l’expression est devenue usuelle, courante, et désigne le chapeau, la casquette et tout autre objet que l’on se met sur la tête.

ATTENTION COUP DE GUEULE : Depuis le début de mon voyage, je me rends compte qu’en France, au nord d’une certaine ligne imaginaire  (que je place arbitrairement au niveau de Valence) plus personne ne connait Daudet ou Pagnol et ça me saoule, à chaque fois que je joue à la belote, de devoir rappeler que Marius, Fanny et César, les lettres de mon moulin, Tartarin de Tarascon et ne je vous parle même pas de La gloire de mon père ou de Manon des sources  sont à mettre au panthéon de la littérature et du cinéma français ! MERDE ! Oh ! Vous foutiez quoi avec vos grands-parents quand vous étiez minots ?!? Bref, lorsque Daudet fait jeter à Tartarin de Tarascon son couvre-chef en l’air, tout le monde devrait comprendre que c’est de sa casquette dont il parle. C’est quand même logique, le mec est chasseur  de casquettes ! CQFD !

Extrait de TARTARIN SUR LES ALPES d’Alphonse Daudet. Punaise, le gars est chasseur de casquette, il a un accent de ouf et vient du Sud (en plus c’est l’oncle d’un copain !), je vois pas ce qu’il vous faut de plus ! Les Marvels peuvent aller se rhabiller !

Bref, revenons-en à notre Panama d’Equateur !

Au début du XIXe siècle, des comptoirs (si comme moi la première fois que  j’ai découvert ce terme au collège, vous imaginiez les comptoirs comme des bars… c’est plutôt comme des lieux d’échanges commerciaux qu’il faut voir ça) s’ouvrent au Panama, lieu de transit important du commerce mondial, pour écouler cette marchandise, exportée peu à peu partout sur la planète.

Paris découvre ce chapeau lors de l’exposition universelle de 1855. Napoléon III s’en voit offrir un et il n’en faut pas plus pour lancer, dans la capitale, la mode de ce chapeau qui commence à se faire appeler « Panama », après confusion entre pays expéditeur et pays producteur.

Il devient encore plus populaire en 1881, après les premiers coups de pioche dans le chantier du canal de Panama.

En effet, à ces latitudes, les autorités sanitaires obligent assez vite les milliers d’ouvriers à se protéger du soleil en portant un chapeau. Beaucoup d’entre eux adoptent le panama, trouvant, à juste titre, que ce chapeau est léger, confortable et pratique.

Le Panama acquiert définitivement ses lettres de noblesse lorsque, lors de sa visite sur le chantier du canal en 1906, le président des Etats-Unis, Théodore Roosevelt, arbore ce couvre-chef : la photo fait le tour du monde, le « panama hat » devient un chapeau de luxe pour la haute société.

Il est porté depuis par nombre de célébrités et des millions d’inconnus qui le substituent au canotier comme chapeau d’été. Même si le canotier, avouons-le, c’est quand même super chic !

Même si les Equatoriens lui préfèrent l’appellation de « sombrero de paja toquilla », ils se sont résignés à le commercialiser sous son nom actuel, faisant contre mauvais cœur bonne fortune ! Car il se vend des panamas sur toute la planète, de formes, de couleurs et de qualités diverses, pour les hommes comme pour les femmes, authentiques (on les reconnaît à la rosace qui marque le début du tressage) ou factices, artisanaux ou industriels, à un prix abordable ou un coût exorbitant …

exemple de Panama de forme Borsalino

Les plus connus sont des chapeaux pour hommes à forme de Borsalino (autre chapeau célébrissime, qui est lui fait de poils de lapin ou de lièvre).

Issus principalement de deux grandes régions de production, Cuenca (où j’ai acheté celui qui sera exposé à mon retour) et Montecristi, les panamas sont tissés artisanalement avec la paille séchée fournie par les jeunes feuilles de toquilla, que l’on découpe en filaments de plus en plus fins selon le degré de qualité auquel on veut parvenir. Ainsi, en fonction de la taille de la paille, la réalisation d’un Panama peut prendre de 3 jours à plusieurs mois.

Aujourd’hui, derrière chacun de ces chapeaux émerge la culture d’un pays et la fierté de son peuple : la terre d’Equateur est coiffée d’un panama, un soleil qui la distingue et illumine son âme et même si cet accessoire vestimentaire est quelque peu tombé en désuétude il reste la finition indispensable de qui veut aller voir des photos en été à Arles.. enfin au pire ça vous permettra de me repérer de loin coiffé de mon couvre chef de paille !

2 Comments

  • irène

    3 juillet 2019 at 17 h 20 min

    Bonjour Guillaume,

    je travaille sur l’histoire de l’Amérique latine et m’intéresse tout récemment au Panama, sur lequel je vais écrire un papier. Pourriez-vous me dire dans quel ouvrage vous avez trouvé tous ces éléments si intéressants s’il vous plaît?
    Cordialement,
    Irène

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    • Guillaume

      9 juillet 2019 at 11 h 37 min

      Bonjour, ma principale source reste un musée visité à Cuenca. Après j’ai croisé ces informations en cherchant à vérifier les anecdotes sur internet. Je n’ai pas utilisé d’ouvrages précis. Écrivant à chaud au fur et à mesure de mes visites, l’objectif de mes articles est plus d’apporter un petit plus en culture générale aux élèves et visiteurs qui me suivaient que d’étudier un sujet de manière approfondie…

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