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Altamira, la chapelle Sixtine de la préhistoire.

J’ai remarqué que plus on grandit, plus on apprend de choses et plus on cherche à voir ce que l’on veut et non plus ce que le monde nous offre. On dit qu’on apprend à regarder. On se concentre sur l’essentiel et élimine le superficiel.

J’aime à dire que grâce à ma vue, j’ai gardé ce regard d’enfant qui me permet de profiter pleinement des choses. Faute de ne pouvoir hiérarchiser les informations, je prends tout ce qui s’offre à moi et compose mon monde avec ce qu’il veut bien m’offrir à voir. J’arpente ainsi mon monde comme si je déambulais dans les plus grands chef-d’oeuvres impressionnistes.

C’est ce regard contemplatif qui a permis à un enfant de découvrir les merveilles de la grotte d’Altamira, aujourd’hui classée au patrimoine mondiale de l’humanité. 

La découverte de la grotte d’Altamira.

La grotte d’Altamira en elle même a été découverte en 1868 par un chasseur dont le chien, guidé par la piste d’un lapin, s’est retrouvé perdu dans les méandres d’une cavité, qui malgré une entrée permettant à peine à un homme d’y rentrer péniblement, dissimule près de 280 mètres de chambres et de passages. Presque 3 terrains de foot !

Le chasseur, pas curieux pour un sous, s’empressa de récupérer son  chien et se contenta de signaler l’entrée de la grotte au propriétaire du terrain, un avocat de profession mais surtout archéologue amateur.

Mais les cavernes sont nombreuses dans la région et bien que l’archéologue prit note de la découverte, la réalité est qu’a ses yeux, l’information ne semblait pas casser trois pattes à un canard.

Malgré tout, poussé par sa passion toute en retenue qui lui a fait franchir le pas de la caverne seulement 8 ans plus tard, l’archéologue se décida à entamer un chantier de fouilles se bornant à l’entrée de la grotte. 

Pourquoi seulement l’entrée me direz-vous ? Et bien car, guidé par ses lectures sur la préhistoire, l’antiquité et les peuples locaux, il savait que depuis toujours, des hommes venaient s’abriter dans ce genre d’endroit. Il savait également que s’il devait trouver quelque chose, il ferait l’essentiel de ses découvertes à l’entrée de la grotte. Son regard se focalisait sur l’arbre qui cachait la foret !

Un jour, alors que notre érudit fouillait depuis presque deux ans, il amena sa fille, âgée alors de huit ans, avec lui. 

Elle, ne savait rien de l’archéologie et n’était guidée que par la lueur de sa lanterne. Elle s’enfonça plus profondément dans les cavités et son regard fut rapidement attiré par des formes un peu particulières. D’une voix excitée, enfin j’imagine, elle s’écria «Regarde papa, un taureau ! ». Elle venait de découvrir la première grande oeuvre d’art réalisée par l’homme connue à cette époque là. Une voute recouverte de peintures d’animaux : des cerfs, des bisons, des chevaux… La Chapelle Sixtine préhistorique.

Si grâce à sa fille, l’archéologue venait d’ouvrir les yeux, la réaction du monde scientifique en fut toute autre. Le chercheur, pourtant soutenu par un professeur de l’université de Madrid, fut ridiculisé et accusé, entre autre par les chercheurs français, d’avoir lui même dessiné les animaux. 

Le monde ne semblait à son tour pas prêt à voir ce que lui même avait mis tant de temps à trouver et malheureusement il  mourra quelques années avant que, ces mêmes chercheurs français, suite à la découvertes de grottes similaires en France, furent forcés d’accepter les conclusions de notre archéologue amateur.

Que nous apprend cette découverte ?

Une fois ceci dit, on n’est pas plus avancé sur ce que ces découvertes nous permettent d’apprendre de la grotte et ses habitants. 

Même si l’on connait aujourd’hui des grottes aux peinture antérieures à celles d’Altamira, cette grotte à cela de fascinant qu’elle  abritait, il y a 15 000 ans, des hommes comme nous, des Homo Sapiens. Ce sont eux qui nous ont laissé ces peintures, ces dessins et ces gravures.

À cette époque, les êtres humains côtoyaient toutes sortes d’animaux. Une faune sauvage aussi variée que dangereuse composée de renards, de lions et d’ours des cavernes. De lynx, de cheveux, de chamois, de sangliers et de cerfs. De Mammouths de bisons et de taureaux… j’en passe et des meilleurs !

Mais alors, pourquoi dans cette grotte sont principalement représentés certains animaux (des bisons et des chevaux) tandis que d’autres n’y figurent pas ? Ces peintures ont-elles une signification ? … Si vous attendez des réponses à ces questions dans cet article, malheureusement, elles restent encore aujourd’hui sans réponses.

De tous les animaux, les cheveux et les bisons étaient peut-être ceux qui aidaient le plus les hommes et peut-être étaient-ils ainsi érigés en animal totem. De même, les animaux dont ils consommaient la chair, les os, la peau étaient fréquemment représentés. À contrario, dans les grottes similaires en Europe, rare sont les représentations d’animaux féroces et dangereux tels que les serpents, les lions ou les ours. Pour autant, il est délicat de tirer des conclusions hâtives lorsque l’on sait que la grotte Chauvet (France), la plus ancienne de toutes, voit des représentations datant de 30 000 ans avant notre ère qui représentent des cheveux et des bisons, mais également des lions, des panthères, des hyènes, des Rhinocéros ou des ours. Tous ces animaux dont j’imagine que les hommes de l’époque n’auraient pas aimé se retrouver en face. Quelle conclusion doit-on en tirer ? Les hommes en ces temps chassaient-ils des animaux prédateurs ? Le mystère reste entier

La question de la perspective déjà posée

L’art rupestre est un indice des nombreux traits propres à l’Homo Sapiens. Pr exemple, rien ne prouve que l’Homme de Neandertal qui pourtant vivait à la même époque, savait dessiner un animal. Pour cela il faut avoir des capacités spéciales. Un bison sur une paroi ne fait pas la même taille qu’un véritable bison. Il n’en a pas le même toucher, la même odeur et ne fait pas le même bruit. De plus il n’a pas de volume. Le dessin représente l’essence de l’animal. Il résume en un trait les caractéristiques de l’animal en faisant abstraction de tous les détails. Il faut avoir un cerveau développé pour comprendre qu’un dessin représente un animal. Un cerveau capable d’inventer et de comprendre des symboles. C’est en cela que consistent l’art et les sciences.

Ainsi, les représentations découvertes dans la grotte d’Altamira laissent penser que ce sont de grands artistes qui ont réalisé ces dessins et par leurs oeuvres ils ont posé des problèmes que l’homme n’aura résolu que bien plus tard.

Par exemple, ils ont pu montrer qu’il était difficile de représenter un animal en volume (en 3 dimensions) sur une surface plane. La preuve qu’ils réfléchissaient à ces questions de représentation est qu’ils se servaient des reliefs des parois de la grotte pour donner du volumes à leurs peintures comme pour dessiner les bosses prononcées des bisons.

Ce problème de représentation ne sera pas résolu durant l’antiquité ni même au moyen âge. 

Nedjemet et Hérihor dans le Livre des morts

Il faut attendre Giotto (à cheval entre le XIII et le XIVe siècle) pour entrevoir la perspective géométrique. Toutefois c’est véritablement durant la renaissance que l’on découvre véritablement pour la théoriser. Autrement dit, l’homme aura mis quelques 15 millénaires pour résoudre le problème mathématique =posé par les hommes qui habitaient la grotte d’Altamira. 

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