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Comment j’ai fini par payer le bakchich à la frontière lao-cambodgienne.

Il est 6h45 ce jeudi 22 février. Thibault et Clément me rejoignent sur la terrasse du restaurant de l’hôtel alors que je prends un dernier café en regardant les pécheurs s’atteler à la tache sur le Mékong.
Nous attendons neuf autres français rencontrés deux jours avant dans notre hôtel. Deux soeurs, leurs maris et leurs cinq enfants, une véritable expédition pour eux. Ils ont même construit une poussette hyper compacte pour le plus petit !
Eux aussi doivent partir aujourd’hui et nous nous sommes dit qu’à douze, on aurait plus de facilité à négocier les prix pour aller jusqu’à la frontière. Et puis, ils sont plutôt sympa et l’un des maris fait de la joute provençale et connait donc Arles alors c’est avec un grand plaisir que nous les retrouvons pour cette aventure.

Le bateau taxi arrive devant l’hôtel un peu avant 7h, nous chargeons bagages et enfants et nous rendons à l’embarcadère principal afin de trouver un mini-van qui nous permettrait de faire les quelques kilomètres jusqu’à la frontière. Un véritable jeu d’enfant ! Voir arriver douze personnes est du pain béni pour qui cherche à remplir facilement son van et de notre coté sûrs de notre force, nous avons pu négocier le prix que nous avions pré-établi ensemble.
Mais ne crions pas victoire si vite, d’abord parce que le chauffeur doit avoir 14 ans et des brouettes et conduit sans doute depuis peu (heureusement la route n’est qu’une ligne droite peu fréquentée à cette heure-ci !) puis parce que… bah, le plus dur commente une fois devant le premier poste frontière !

On s’était pourtant préparé

Des blogs j’en ai lu des dizaines pour savoir comment ces jeunes roublards de Backpackers avaient fait pour réussir à ne payer aucune taxe inventées par des Douaniers pourtant eux aussi très imaginatifs !

Coté Laos

Derrière ce qui semble être une tache plutôt simple, se cache la première roublardise de douaniers bien rodés à l’exercice.
Nous sommes seuls à la douane. Le douaniers prend un a un nos passeports et nous demande à chacun 2$ pour qu’il puisse tamponner nos Visa. Nous connaissions la manoeuvre et répétons chacun notre tour d’un air naïf « mais, le tampon est gratuit », nous faisant tour à tour refermer la petite porte du guichet sur les doigts.
Nous décidons d’attendre, tournons le dos au guichet et continuons à discuter comme si de rien n’était. Les familles ayant d’autre problématiques que nous appellerons « enfants », ils ne pouvaient pas se permettent de faire le pied de grue indéfiniment devant le premier guichet. Ils vont négocier et réussissent à obtenir les tampons des enfants gratuits. Ils passent.
Il ne nous reste donc plus guère de solutions, les douaniers avaient bien vu que nous étions ensemble et, se sentant forts de leur victoire, ils auraient pu nous faire poireauter un moment. Il nous fallait donc trouver des enfants ! … Ou essayer de négocier à notre tour… Mais rien n’y fait ! On paye 2$ chacun.
Nous retrouvons la famille et traversons à pieds la frontière. C’est assez cool de pouvoir se dire que j’ai pu faire ça (pour rentrer au Laos par le pont de l’amitié Thailande-Laos, on n’a pas le droit, c’est navette pour tout le monde !).

Coté cambodgien

On nous dirige vers un premier guichet. On y récupère une fiche médicale à remplir. Nous arrivons donc devant la seconde phase d’extorsion d’argent. La « visite médicale » qui consiste à prendre notre température avec une sorte de pistolet. Soit disant que si l’on a de la fièvre on ne peut pas rentrer au Cambodge. Mais là j’avais prévu le coup. J’avais lu que si l’on présentait son carnet de vaccination, les douaniers nous laissaient passer. Je ne vois pas le rapport avec le fait d’avoir de la fièvre ou non mais ça marche. Je peux passer et vais donc remplir la fiche de demande de Visa. Jusque là, pas de souci, les douaniers sont sympas, l’un me signal que j’ai oublié ma photo et commence même à m’annoncer que c’est 30$ (je suis étonné parce que c’est le vrai prix du Visa) mais tout dérape lorsqu’en même temps qu’il check mes documents, il demande à son collègue si j’ai bien fait la visite médicale. Apprenant que j’avais mon carnet de vaccination, le prix passe à 35$ et son visage se ferma. Il se doutait que ma première réaction allait être de lui répondre que 2 phrases avant c’était 30$…
C’est là que le bras de fer commença. Et il dura de 9h du matin à 12h05. Nous avions eu le temps de perdre nos amis qui avaient la chance d’avoir des enfants pour négocier des prix vers le bas (la légende raconte qu’ils ont été obligés de laisser le plus petit en échange d’une « remise sur le bakchich !) . Mais nous avions également eu le temps de recruter deux autres français semble-t’il bien plus rodés que nous à l’exercice. Ils nous disposèrent chacun devant un comptoir en nous expliquant que c’est en les faisant chier qu’on allait pouvoir les faire craquer.
« Mon » douanier n’était pas commode. Il ne savait pas s’exprimer sans finir un phrase en hurlant. Plus ils s’énervaient, plus on souriaient, plus ils s’énervaient. On s’est fait refermer les portes sur les doigts, je me suis fait déchirer ma demande de visa pendant qu’un douanier passait derrière nous prendre les exemplaires en libre service.
Même si nous n’avions pas de bus qui nous attendait à l’extérieur pour nous éviter les pressions des chauffeurs de mèches (et oui, ils le sont !), nous savions également qu’après midi il allait être difficile de trouver un moyen de nous rendre, pour ma part à Siem Reap, et pour Clément et Thibault à Phhom Penh. Nous tentons le tout pour le tout et… les douaniers sont tous partis manger… Nous nous retrouverons là, devant des guichets vides, comme des couillons ! Nous voilà bien avancés.
Au bout d’une dizaine de minutes, l’un d’entre eux revient vers nous. Il voit que nous ne voulons pas céder et semble plus ouvert à la discussion que les autres. Il nous explique que le chef (celui dont j’avais la charge sans trop le savoir même si je m’en doutais) était vraiment énervé et comptait nous faire attendre jusqu’au dernier moment 18h) avant de nous laisser passer (il est obligé, il ne peut plus nous renvoyer au Laos, nous avons notre tampon de sortie). Nous expliquons que c’est par principe mais finissons par nous assoir dessus. Nous négocions un tampon à 2$ au lieu des 5$ annoncés. L’honneur était sauf et la corruption pourrait continuer ainsi de plus belle et dans le calme.

Ne vous torturez pas l’esprit !

Il faut savoir avant de se lancer dans une telle entreprise que sur les centaines de personnes à être passées devant nous entre 9h et 12h, aucune n’avait essayer de négocier. Au mieux ils tentaient une question et voyant le douanier aboyer, se hâtaient de payer pour se casser de ce piège à crabes.

Alors si comme nous, vous tentez de « défier » cette organisation bien huilée, faites le parce que c’est drôle mais pas parce que « si personne ne s’insurge, les choses ne changeront jamais ». Mon astuce la meilleure est plutôt de vous conseiller de prendre un tuktuk pour vous rendre à la frontière depuis les 4000 îles, puis de prendre un bus coté Cambodge. Vous éviterez ainsi les différentes commissions des agences vous proposant des trajets jusqu’à Siem Reap ou ailleurs au Cambodge.

Ainsi, malgré les 4$ payés à la douane, j’ai économisé 5$ sur mon voyage entre les 4000 îles et Siem Reap. Ça peut sembler dérisoire de s’emmerder autant pour des sommes comme ça mais pour vous faire un idée, avec ces 5$, j’ai eu ma première nuit à Siem Reap… et on m’a rendu la monnaie !

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