La boucle d’Ha Giang sans moto !

Après avoir imprudemment conduit dans les montagnes thaïlandaises, après avoir profité des paysages du plateau des Bolovens, je me lance à la conquête d’une nouvelle boucle, dans la province de Ha Giang, au nord du Vietnam. Cette fois je décide d’être sage, ce sera via les rares transports en commun mais est-ce raisonnable ?

Suite aux conseils d’un couple dans le bus entre Hoi An et Hué, j’ai décidé de changer mes plans à la dernière minute. Je voulais aller au nord et le fait d’être seul et non véhiculé me contraignais, du moins le croyais-Je, à aller du côté de Sapa. La destination est en effet touristique et de ce fait bien desservie. Mais je savais que ce n’était pas ce que je cherchais en allant au nord. Ce que je voulais c’était sortir du circuit traditionnel et découvrir les couleurs du Vietnam. Car finalement, à part sur les murs de Hoi An, il m’a été difficile de percevoir toutes ces couleurs et l’authenticité qui s’impose à nous quand on pense à ce merveilleux pays. Sapa allait-elle assouvir ma soif d’ailleurs ou l’arrivée du tourisme de masse allait il me faire découvrir une région carte postale mais sans âme ? C’est ce que me laissaient penser les blogs et quelques guides de voyage. C’est ce que m’affirmaient quasiment unanimement tous les voyageurs interrogés et c’est ce qu’a finit par me faire accepter ce couple assis juste derrière moi dans le bus vers Hué.

La différence avec la plupart des voyageurs c’est qu’eux n’ont pas fait une moue blasée quand je leur ai parlé de mon itinéraire vers le nord mais, ont de suite sorti leur carte toute griffonnée et m’ont parlé de cette fabuleuse région qu’est la province d’Ha Giang. « C’est notre gros coup de cœur du Vietnam et pourtant ça fait vingt ans qu’on y vient ! » me dit la femme. 

Le temps du trajet, l’idée fait son chemin et je cherche des informations dans mon guide. Il réserve quelques pages peu documentées sur la boucle d’Ha Giang mais une information fait mouche : « Pour ceux qui ne veulent pas conduire, de rares bus rallient les villes de Ha Giang à Tam Son, de Tam Son à Dong Van et de Meo Vac à Ha Giang ». 

Il ne me reste donc qu’une portion de petits 30km qui m’empêche de boucler ce tour. Je fais un rapide calcul : Au pire, en partant à 6h le matin, et malgré le dénivelé annoncé, 30km, c’est largement faisable avant la tombe de la nuit ! Me voilà convaincu ! Ce n’est pas le fait de ne pas pouvoir conduire qui allait m’arrêter ! Pas cette fois !

Il m’a fallu obtenir un permis pour circuler dans la région d’Ha Giang. Mais pas de panique, la plupart des hôtels s’occuperont de ça pour vous !

Mais avant tout cela, encore fallait-il arriver à temps à Ha Giang. Car en effet, le seul vrai impératif est que Laurette et Matthieu, des amis de France, me retrouvent à Hanoï le 6 avril, soit dans 7 jours !

Je décide d’enchaîner une journée de visite de la zone démilitarisée (DMZ) à quelques kilomètres de Hué (8h de bus dans la journée) avec un train de nuit vers Hanoï (15h) et, après 2h de pause, avec un nouveau bus vers Ha Giang (7h).  Un véritable marathon qui me permit toutefois d’arriver à temps pour faire la boucle dans de bonnes conditions. 

Dans le bus, je rencontre un couple d’allemands qui me propose de les accompagner à leur hôtel. En effet, la ville, malgré le fait que cela soit une capitale de province, est petite et nous ne savons pas s’il est facile d’y trouver un hébergement. En arrivant à 22h, je ne fit pas le difficile et accepta sans hésiter.

À quelques kilomètres de notre destination, le chauffeur reçu un coup de téléphone et interpella l’allemand. C’était son hôtel qui voulait le prévenir qu’un pick-up les attendrait à l’arrêt de bus. Nous restions bête. Même si les allemands avaient prévenu qu’ils arriveraient tard, comment l’hôtel avait-il pu savoir quel bus ils avaient pris et surtout quel chauffeur conduisait ce bus. Lorsque nous interrogeons le chauffeur du pick-up, il rit et nous dit que Ha Giang était une petite ville et que les bus y étaient rares. Il s’était donc débrouillé pour obtenir les numéros des chauffeurs (il y en a 4 je crois) qui font le trajet chaque jour et leur emploi du temps. Ceci afin d’accueillir au mieux ses clients. 1 point pour notre hôte ! Nous sommes crevés et cette attention nous permit de gagner quelques minutes de sommeil qui vont s’avérer précieuses.

Le lendemain au réveil, je vais profiter du petit déjeuner dans la cour de l’hôtel avant d’aller harceler la patronne avec mes questions sur le trajet que le voulait entreprendre de faire. Elle me confirma que des bus ralliaient Ha Giang à Tam Son et me proposa de prévenir le chauffeur pour moi. Le bus viendrait me chercher à 16h à l’hôtel ! Parfait j’avais une petite journée pour découvrir la ville d’Ha Giang. Pour gagner du temps, elle me proposa de me prêter le vélo de son fils. Elle me montra sur une carte un petit village eco responsable a 6km du centre ville. C’était réalisable ! Banco.

Je ne sais pas si c’est le fait que c’était samedi ou si la ville est toujours aussi calme mais il n’y avait pas un chat dans les rues. Pas de Klaxons et, chose remarquable, de nombreux scooters étaient des scooters électriques.

Je mis une petite demie heure pour me rendre au village et commença à comprendre que je vais en prendre plein les yeux pendant quelques jours.

La ville et les routes pour mener aux villages sont bordées par des montagnes karstiques si proches des premiers bâtiments qu’on dirait qu’elles vont leur tomber dessus. Les paysages sont verdoyants et l’eau irrigue des petites parcelles de rizières.

Le village est construit à flanc de montagne. Il m’est difficile de le traverser en vélo et je finis par le laisser sur un côté afin de monter un peu plus dans la montagne. En bas, des bassines artificiels bordent des maisons pour la plupart en bois et avec des toits en paille. Ces bassins abritent des élevages de poissons destinés à être vendus au marché. 

Plus haut des rizières en terrasse remplacent les bassins. Des bœufs sont enfermés dans de petits enclos ressemblant à des maisons de chôme. Les enfants viennent tous me saluer et me demandent comment je m’appellent. Ils m’accompagnent quelques mètres avant de retourner vaquer à leurs occupations. 

Je reste quelques heures à promener dans les ruelles et sur les chemins boueux du village. 

Les femmes, pour la plupart, portent ce qui s’apparente à un habit traditionnel adapté aux goûts du jour et à la tache qu’elles s’attelant à mener. Ainsi, elles sont enrubannées d’un tissus souvent brodé, d’une chemise noire en coton et d’une jupe ou d’un pantalon sobre mais portent des basques et parfois un imperméable, une veste en jean ou en cuir.

Un mur du village est orné de graffitis prônant la nécessité des circuits courts, du développement durable et du recyclage. J’aime ce contraste entre la tradition et la modernité ! Comme quoi cela peut faire bon ménage !

De retour  à l’hôtel, le bus passa me chercher avec quelques minutes de retard et me déposa dans la rue principale de Tam Som vers 18h. Cette petite bourgade s’avéra une escale rapide car le seul bus en direction de Dong Van partait à 6h30 le lendemain. Je dû prendre une décision. Le marché du dimanche a Dong Van est réputé pour son côté anarchique et authentique. Il paraît que certaines ethnies y viennent. De plus, Donc Van est une plaque tournante et il me serait sans doute plus facile d’organiser des balades à la journée de la bas. Tant pis pour Tam Som. Je n’y serais reste que le temps d’une trop courte nuit !

Dans le bus un couple de français me permit de rester éveillé durant le trajet. Après nous être séparé le temps du marché, nous nous retrouverons par hasard dans le même hôtel.

Le marché de Dong Van ne failli pas à sa réputation. C’est un joyeux bordel où se côtoient stands de nourriture, de produits ménagers, d’habits. On y vend même des bœufs, des chèvres et des cochons. Comme dans la plupart des marches en Asie, des tables sont déployées au centre, sous une place couverte. C’est la que l’on peut y manger les soupes (pho) les sandwiches (Banh mi) le riz « trois trésors » (Com tam) et autres spécialités vietnamiennes. 

La encore les tenues traditionnelles sont de sortie et même les hommes de la tribu des Hmonks portent un costume sobre que je trouve très élégant. Il m’en faut un ! 

Après une sieste bien méritée, je vais faire le tour de la ville avant de retrouver Bernard et Marie autour d’un verre. Nous organisons notre journée du lendemain, décidant de prendre un chauffeur pour aller explorer les environs. À trois, nous prévoyons ainsi une journée que je n’aurais jamais pu m’offrir seul. Privatiser un taxi pour trois revenant quasiment au même cout que louer un scooter.

Le chauffeur est arrivé à 9h. Il ne parle pas un mot d’anglais mais Google traduction et mon GPS nous a permis de très bien nous comprendre pour l’essentiel ! 

Nous commençons par la forteresse de Sa Phin. Ce bijou d’architecture, méconnu des rares motards qui entreprennent de faire cette boucle, a été offert par les français à un roi local. Les discours divergent sur la motivations de ces derniers. Certains (les français) disent que c’est pour remercier un roi ami, favorable à la présence française dans la région. D’autres (les autres) disent que c’est pour assujétir un roi réticent. Mais que l’on soit clair, c’est un débat d’étranger, car en fait là bas les gens s’en moquent éperdument. 

Je suis content d’avoir pu visiter cette bâtisse aujourd’hui car, quand je vois les travaux sur les routes, je me dis que la province d’Ha Giang cherche à développer le tourisme. Peut être que dans 5 ou 10 ans, nous seront plus que 4 à arpenter les salles et à traverser les atriums de ce monument qui m’a vraiment plu !

Nous partons ensuite en direction de Lung Cu en passant par Lung Tao. La route est à coupe le souffle. Des montagnes karstiques nous encercles et des micro-parcelles sont cultivées entre deux cailloux.  Tout ces paysages et ces travailleurs qui labourent leurs champs avec des bœufs et des chariots nous laissent penser que l’on est pas grand chose !

Nous arrivons à Lung Cu et voyons au loin, sur le sommet d’une des plus haute montagne, un drapeau gigantesque du Vietnam flotter au vent. Si nous pensons que nous ne sommes rien dans ce monde, ce bout de drap démesuré me rappelle que nous tentons pourtant d’exister par tous les moyens ! 

Il nous fallu plusieurs minutes pour grimper les 300 marches menant au sommet. D’en haut, nous avions une vue sur l’ensemble de la plaine alentour et surtout sur les cultures en terrasse qui dessinent le paysage.

Vous vous rappelez au collège de la leçon sur les grandes plaines agricoles en France ? Il y avait toujours une photo chiante pour illustrer ça. Je trouve qu’avec celle là on est en plein dedans !!!

Nous continuons ensuite notre boucle dans la boucle en allant à la rencontre des Lolos, une ethnie qui vit ici. 

C’est étrange car c’est là que les habitants portaient le moins leur tenue traditionnelle. Bien sûr les mamies continueraient à la porter mais aucun jeune ne l’avait. Seuls les garçons continuent à porter la veste que j’aime temps (et que j’ai trouvé dans une boutique locale !). 

Les maisons sont construites en parpaing mais certaines conservent une structure plus traditionnelle avec des murs en terre. C’était d’ailleurs assez intéressant de voir de jeunes hommes fabriquer une maison en terre avec des outils traditionnels.

Suite à cela, nous reprîmes la route pour rentrer  à Dong Van. 

Le soir, comme je le fais parfois, nous avons suivi les conseils du Routard. Il paraît qu’un restaurant de Dong Van fait une saucisse fumée (plat local) à tomber. Mais bon, comme cela arrive avec le routard, le plat est cher et l’intérêt relatif. C’est un bon compagnon de route en ce qui concerne les lieux à voter le le ton qu’il emploie pour les décrire font que souvent je le considère comme un pote de poche,. Un pote oui, mais un pote quinquagénaire au budget et aux gouts parfois loin de mes contraintes budgétaires. J’ai souvent été déçu par les adresses qu’il propose… bref, c’est quand même mon pote.

Le jour suivant, nous demandons au taxi de venir nous chercher une nouvelle fois devant l’hôtel. À 9h nous quittons Dong Van pour Meo Vac. La ville n’a vraiment aucun intérêt si ce n’est celui de se remettre des paysages à couper le souffle que j’ai pu observer sur la route ‘ le plateau de Mai Pi est fantastique. Je ne pense pas exagérer en disant que c’est une des plus belles chose que j’ai pu voir. Dans la vallée une rivière finie de sublimer un paysage sans équivalent. Le chauffeur a du ronger son frein une paire de fois car à la sortie de chaque virage, nous lui demandions de nous arrêter afin de prendre une photo, faire une vidéo ou juste prendre le temps d’admirer le paysage !

De Meo Vac, je prends un bus dans l’après midi. Je comptais y passer une nuit mais la ville ne m’a pas convaincue. Je préférais donc retourner à Ha Giang ou j’ai d’ailleurs manger les meilleures nouilles que j’ai pu goûter au Vietnam. On reconnaissait le gout des aliments c’est vous dire !

Ce jour d’avance sur le planning m’arrange bien. Laurette et Matthieu débarquent le 5 à Hanoï et nous partons le 7 pour six jours à la découverte de la baie d’ha long de Car ba et de Tam Coc. Prendre le temps de me poser un jour de plus n’est pas du luxe. Et puis, pour être honnete, il me faut laver mes affaires sous peine de rester en maillot de bain durant six jours !

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