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L’île de Pâques et ses mystères

Quelle due être la surprise des premiers européens qui ont mis les pieds sur cette l’île qui porte son nom grâce à l’imagination débordante du navigateur hollandais Jakob Roggeveen qui l’a appelé ainsi car l’ayant découvert, je vous le donne dans le mille, le jour de Pâques, en 1722. 

Alors que les îles volcaniques sont plutôt ronde, l’île de Paques s’offre le luxe d’une forme triangulaire. La raison ? l’ile a été formée par des irruptions venant de 3 volcans comme on peut le voir clairement sur cette carte.

Ce bout de rocher, battu par les tempêtes, perdu au beau milieu du Pacifique Sud, n’aurait pu être qu’un caillou de plus coiffé de l’arrogante étoffe d’un pays européen s’appropriant une nouvelle fois une terre par excès de zèle mais voilà, cette île n’est pas comme les autres. En approchant l’équipage s’est retrouvé face à une forteresse volcanique rossée par les vagues et hérissée de falaises sombres sur lesquelles des colosses semblent ne pas leur prêter la moindre attention. De quoi susciter la curiosité non ?

Voilà à quoi ressemble les rivages de l’ile… rappelez vous en lorsque je vous raconterai la légende de l’homme oiseau !

Tel un crâne chauve, sans arbres, dont les habitants vivent à demi nus tapis dans des huttes de roseaux au ras du sol, l’île de Pâques à en effet de quoi occuper les érudits dans les salons mondains des cours d’Europe. 

Car des énigmes, l’ile en abrite quelques unes et encore aujourd’hui elle garde farouchement ses secrets, n’offrant qu’au compte gouttes des semblant d’explications aux plus tenaces.

Et de la ténacité, il en faut quand on navigue à vue au milieu des histoires d’extraterrestres, des hommes-oiseaux, des statues qui marchent… Chacun y va de son explication alors que la notice écrite en rongo-rongo, caractères que bien évidement personne ne sait déchiffrer (ça serait trop facile) ne fait qu’alimenter d’avantage son lot de mythes et de légendes. 

Avec un profil pareil, on n’a aucune peine à imaginer que cette parcelle de 163km2 fasse tourner des têtes.

Malgré tout, on peut désormais avancer sans trop de doute qui sont les auteurs de ces statues. Mais cela ne nous avance par pour autant, car une énigme demeure, et non des moindre : aujourd’hui encore, personne ne parvient à donner une explication claire de la disparition d’une civilisation. 

L’origine des Rapanuis ne fait plus de Doute

Évitons nous un bla-bla inutile, aujourd’hui, plus de doute possible, les Rapanuis – nom donné aux autochtones de l’île de Pâques – sont bel et bien originaires de Polynésie. Des experts comme l’archéologue français Michel Orliac on montré que leur langue a des racines marquisiennes tandis que leurs massues de bois sculptées, leurs fours traditionnels et leurs pratiques culturelles les plus emblématiques sont eux aussi typiquement polynésiens. 

De même, aux Marquises et à Hawaii, on trouve, comme à Rapa Nui (véritable nom de l’ile de Paque), des terrasses de pierre (ahu), et même des statues figurant des ancêtres déifiés, les tiki, cousins miniatures des moais.

Marins exceptionnels, les Polynésiens colonisèrent à partir du premier siècle la plupart des terres à l’intérieur du «triangle maori» formé par Hawaii, la Nouvelle-Zélande et l’île de Pâques. Le musée archéologique de l’ile de Paque explique comment ces navigateurs pouvaient détecter la terre ferme bien avant de la voir, en scrutant la forme des vagues et des nuages, en suivant les oiseaux et les étoiles… 

La chose amusante c’est que pour vérifier cela, des scientifiques ont voulu tenter l’expérience – on appelle cela de l’archéologie expérimentale – et c’est ainsi qu’après la Seconde Guerre mondiale, l’explorateur norvégien Thor Heyerdahl, persuadé que les Pascuans étaient d’origine précolombienne, fut le premier à se mettre en situation et tenta de vérifier sa thèse en embarquant depuis les côtes péruviennes à bord d’un radeau semblable à ceux des Incas (patience, nous parlerons d’eux en temps voulu !). Sa théorie, publiée en 1952, s’appuyait sur des récits oraux, sur le sens des vents et des courants marins, mais également sur la présence de plantes d’origine sud-américaine ou sur des points communs entre les techniques de pêche polynésienne et précolombienne. L’expédition du Kon-Tiki fut un succès… littéraire mais ne fut pas convainquant d’un oint de vu scientifique.

Une expérience plus convaincante fut menée en 1999 par un anthropologue hawaiien qui rallia Mangareva à Rapa Nui en dix-sept jours à bord d’un esquif polynésien.

Quand les Moaïs se sont mis en marche

Véritables emblèmes de Rapâ Nui, les Moaïs m’ont fascinés autant qu’interrogés. c’est l’effet qu’ils procurent à tous les voyageurs que j’ai pu rencontrer. Ces colosses de pierre volcanique ne cessent d’intriguer et de repousser les limites de notre imagination. Au centre de nos discussions, une question simple ne trouve toujours pas de réponse viable. Comment les Rapanuis les ont-ils transportés depuis la carrière du volcan Rano Raraku, d’où ils sont extrait jusqu’à la côte ? 

L’équation : En moyenne, les Moaïs mesurent quatre mètres de haut et pèsent douze tonnes, or les anciens Pascuans ne disposaient d’aucun animal de trait.

A cette interrogation, la réponse habituelle était que les bâtisseurs les faisaient rouler sur des rondins seulement voilà, la tradition orale sur l’île de Pâques parle de Moaïs qui «marchent». Je vous passe les thèses farfelus évoquées en introduction mais revenons-en plutôt aux joies de l’archéologie expérimentale. En 1982, un chercheur tchèque décida de prendre cette légende au pied de la lettre. En analysant la forme des statues, il s’est rendu compte que le centre de gravité de ces colosses, sculptés dans un seul bloc, présentant une base large, un gros ventre et une tête étroite, était situé très bas. Il conclut qu’un moai debout était relativement stable, un peu comme un culbuto. J’ai remarqué que sur l’île les seuls Moaïs avec un long nez étaient cassés et surtout étaient tous situés dans la carrière où ils étaient construits. Ce long nez pouvant déséquilibrer la structure, cette observation toute personnelle peut aller en ce sens. 

Une autre observation pouvant aller dans le sens de cette théorie, tous les maïs ayant chutés avant d’arriver au but reposent sur le ventre… coïncidence… je ne crois pas !

Restait cependant à démontrer que l’on pouvait déplacer les statues debout. 

Avec son équipe, le chercheur façonna une réplique de moai de 4,5 mètres et douze tonnes. Les hommes lui passèrent des cordes autour du cou et, placés de part et d’autre, ils commencèrent à tirer avec précaution pour la déplacer. L’expérience fut un succès ! 

Depuis cette thèse a été approfondie par des chercheurs américains et Raanuis qui l’affirment : les moais «marchaient» !  Ainsi les Moaïs auraient été déplacés comme des réfrigérateurs par les déménageurs du dimanche que nous sommes ! (ouais parce que normalement il ne faut pas trop remuer les frigos… mais bon, c’est une autre histoire).

La Légende de l’Homme Oiseau

C’est une nouvelle fois en prêtant une oreille attentive aux légendes que nous pouvons peut-être comprendre le fonctionnement de la société Rapanui. 

On dit que c’est le chef Hau maka qui le premier découvrit l’ile. C’est un rêve prémonitoire, qui l’aurait prévenant que ses terres seraient bientôt submergées par la mer. Il décida alors, sur les conseils d’un sage, d’envoyer sept explorateurs en direction du soleil levant, cherchant une terre.

Les septs explorateurs

C’est l’un d’entre eux qui trouva Rapa Nui que le roi s’empressa d’investir (une histoire moins glorieuse raconte qu’après un sévère revers militaire, le roi fut prié de dégarnir de son ile d’origine et tomba miraculeusement sur l’Ile de Paque)

Lui et ses descendants ont développé, malgré des ressources assez limitées, une société complexe et bien adaptée à son environnement. Le problème, chacun des enfants du roi voulu fonder son propre clan, tant et si bien qu’à la période la plus prospère de l’ile, pas moins d’une douzaine de clans se répartissaient le gâteau. Le culte des Moaïs leur permis de se mesurer le zizi, heuuuu de montrer qu’en érigeant une plus grosse statue que leurs voisins, ils étaient supérieurs aux autres.

L’importance croissante du culte des ancêtres s’est traduite par l’érection de centaines de statues et on dit que les rois encourageaient cette course pour savoir qui a la plus grosse (statue) parce qu’il valait mieux ça que de se foutre sur la gueule à longueur de journée.

Cette solution fut viable jusqu’au XVe siècle et une révolte des tailleurs qui en auraient eu marre de se voir demander d’extraire de la roche des colosses qui pour la plupart se cassaient la figure à peine érigés.  Ils bottèrent les fesses de leurs maîtres et ainsi, les statues ont été comme laissées  à l’abandon dans les carrières, dans l’état d’achèvement où elles étaient

Malgré des cartes rebattues, l’ile n’en restait pas moins divisée et c’est à ce moment que le culte de l’homme oiseau prit de l’importance et remplaça le culte des ancêtres.

Ainsi, tous les printemps, la plus grande fête de l’année avait lieu. C’était une compétition durant laquelle chaque tribu présentait son « champion ». Le but pouvait paraitre simple : Il lui fallait aller sur une ile et ramené le premier oeuf de l’année pondu par l’oiseau blanc (des Sternes, hirondelles de mer qui auraient permis aux navigateurs de rejoindre l’ile). 

L’objectif de cette fête était de désigner un second roi sur l’île pour un an. Ainsi, chaque tribu avait sa chance de pouvoir co-diriger l’île le temps d’une année. Pour l’homme oiseau, je vous raconte pas le succès que cela lui procurait auprès de la gente féminine, fêtes la guerre les amis, je m’occupe de vos femmes ! Il faut dire que le mec avait des arguments puisque le vainqueur incarnait sur Terre le Dieu Maké Maké : le créateur de l’univers. En toute simplicité. 

Mais ne nous réjouissons pas trop vite, car avant de bénéficier de cette notoriété que seuls les footballeurs de France 98 peuvent depuis connaitre, le nouvellement nommé « Homme-oiseau » se faisait raser le crâne (une blague des prêtres sans doute qui prirent à la lettre l’expression « crâne d’oeuf… enfin j’imagine) et devait séjourner jusqu’à la prochaine célébration dans une grotte. 

Très peu de personnes avaient le droit de le visiter et ses repas étaient préparés par les quelques personnes habilitées à le faire (essentiellement les prêtres qui s’étaient foutu de sa gueule en lui rasant la tête en plus !). Il était soumis à de sévères interdits du fait de son caractère sacré.

Cette manoeuvre avait certainement pour but d’apaiser les conflits entre tribus en leur laissant une chance de pouvoir accéder au pouvoir sans verser le sang.

Ceci-dit, l’épreuve en elle-même était plutôt périlleuse et me fait me dire que, soit les mecs se détestaient vraiment, soit l’homme à un besoin de pouvoir qui m’échappe au fur et à mesure que je lis des récits sur les civilisations autour du monde (j’ai hâte d’enfin visiter le pays des bisounours).

Les représentants des tribus se rassemblaient donc avec leurs champions au village d’Orongo, sorte de village olympique occupé uniquement le temps de la cérémonie (qui pouvaient durer plusieurs jours jusqu’à ce qu’un concurrent ne ramène un oeuf).

Village Orongo

Les concurrents se retrouvaient au dessus d’une falaise d’environ 180 mètres. Premier obstacle de taille qui couta la vie à bon nombre de pressés. Une fois en bas, il leur fallait nager 2km vers l’ile sur laquelle les oiseaux blancs pondaient leurs oeufs et ramener le premier oeuf de sterne pondu sur l’îlot. 

Au pied de la falaise, l’ile sur laquelle l’oiseau blanc pond ses oeufs

Si l’hirondelle n’avait pas pondu, pas question de revenir et les concurrents devaient patiemment attendre que l’oiseau soit décidé à pondre, et ce, malgré les attaques du piaf agressif.  

Une fois l’oeuf en main, la parte n’était pas finie et le concurrent devait retourner jusqu’au village apporter l’oeuf (intact bien sur) au roi de l’ile. Il lui fallait pour cela, arrimer l’oeuf sur sa tête, nager à nouveau et grimper la falaise à pic. 

Pendant la compétition, la population observait sur la pente en face de l’îlot pour attendre le vainqueur et bien veiller au respect des règles. 

Le site d’Orongo était situé sur la partie de la crête du cratère du volcan Rano Kao qui surplombe les hautes falaises noires.

Cette compétition dura jusqu’à la fin du XIX eme siècle, elle finit par disparaître en même temps que les traditions rapanuies déclinent. 

La thèse de l’écocide, une fable écolo ?

Depuis les années 2000, un certain courant de l’écologie contemporaine raffole des « île-de-pâqueries ». Certains, en effet, croient avoir trouvé dans l’histoire de cette île l’archétype de la catastrophe environnementale qui nous menace. Selon eux, l’effondrement de la civilisation Rapanui, serait due à leur entêtement à détruire leur écosystème. Ainsi, il n’y aurait qu’une différence d’échelle qui séparerait la triste fin de la civilisation Pascuane et la chute programmé du monde.

La thèse de l’écocide est défendue par le géographe américain Jared Diamond, prix Pulitzer et membre dirigeant du World Wildlife Fund (WWF) dans « Collapse », son best-seller. Diamond y présente les crises environnementales d’hier et d’aujourd’hui en parallèle dans le but de nous faire comprendre les efforts à consentir si nous voulons éviter la catastrophe. 

Vu la fascination qu’il exerce, le cas pascuan occupe une place de choix dans le bouquin.

Cette société océanienne arrivée dans l’île vers 800 ou 1200 de notre ère, se serait donc « effondrée » brusquement à la fin du 17e siècle. Autrement dit juste avant l’arrivée des premiers Européens. En cause : une croissance démographique incontrôlée, un environnement devenu trop fragile en raison de la mauvaise gestion des sols, la présence du rat polynésien, les conflits, l’obsession de la construction de moaï… ou la combinaison de tous ces facteurs à la fois ! Le meilleur exemple d’une société qui se détruit par la surexploitation de ses propres ressources quoi !

Simpliste ! affirment donc désormais Christopher M. Stevenson et Thegn N. Ladefoged. Selon les chercheurs, un certain déclin touchait certes déjà les habitants de Rapa Nui au moment de l’arrivée des Européens au XVIIIe siècle, mais les autochtones n’en seraient pas directement responsables. 

Concernant les contraintes environnementales les opposants à la thèse de Diamond expliquent que sur les petites îles aux écosystèmes complexes, de petites variations du climat ou une variation de la fertilité des sols peuvent avoir des incidences importantes sur les productions agricoles.

C’est ce qui s’est passé sur l’Île de Pâques. Quand la production agricole a commencé à décliner, des ajustements ont dû être effectués, conduisant des habitants à abandonner certaines zones pour s’installer dans d’autres, plus fertiles. 

Mais si ces mouvements ont bien commencé avant l’arrivée des Européens, ils se sont aussi poursuivis bien après, ce qui signifie que les difficultés causées par la raréfaction des précipitations et la pauvreté des sols n’étaient pas caractéristiques de l’ensemble de l’île. Conclusion des chercheurs : « Les populations de l’Île de Pâques ont plutôt lutté avec succès contre les obstacles environnementaux naturels, qu’elles n’ont ‘dégradé’ leur environnement ». C’est notamment à ce moment que seraient apparut les « jardins de pierres ». Ces pierres protégeaient les plantes du vent, réduisaient l’évaporation et les écarts de température, limitaient l’érosion.

Une pierre dans le champ des tenants de « l’effondrement »

Mais alors qu’est-ce qui a bien pu causer la disparition des arbres de l’île (bordel !) ? 

D’autres scientifiques ont eux aussi discrédité la thèse de Jared Diamond, comme l’anthropologue hawaiienne Mara Mulrooney. Sa théorie :  les rats ! 

Débarqués avec les premiers colons l’histoire pourrait sembler banale. Le rat polynésien ,’en serait pas à son coup d’essai ! 

Les européens auraient réussi a éradiquer le fléau en introduisant des faucons chiliens sur l’ile mais, au XIIIe siècle, sur l’île de Pâques, il n’y avait encore ni chat, ni rapace. Les rongeurs auraient alors proliféré, se gavant de fruits, de graines et de racines, mais aussi d’œufs, détruisant peu à peu la faune et la flore de l’île. La raréfaction des arbres aurait à son tour touché la pêche en haute mer car, sans bois, point de pirogues… 

Archéologue, anthropologues et tous ces métiers en « -logues »

Dérivé du Grec « logos » ce mot signifiait en premier lieu « la parole« , « le discours » avant d’être étendu jusqu’à signifier « rationalité« , « science ». Ce mot est traduit par le therme « logique« et prend donc le sens de « méthode visant à s’assurer d’une pensée juste« . Ça colle plutôt bien avec tous ces métiers que l’on connait non ?

Pour permettre d’avancer ces façons d’interpréter l’histoire, nous devons nous appuyer sur ces personnes aux métiers en –logues peu connues du grand public. Permis ces anthropologues, ces ethnologues, ces archéologues, nous pouvons voir que les avis diverses. Pourtant, ne sont-ils pas les garants d’une pensée juste ? 

En fait tout dépend du point de vue et des éléments dont-ils disposent. À partir de ces derniers et de leurs connaissances accumulées sur le sujet (ces personnes sont des spécialistes, des experts, ils savent de quoi ils parlent !) ils élaborent des théories. Mais pas des théories genre « la théorie du complot » ou les théories farfelues que nous, grands experts du dimanche, élaborons après avoir vu une émission sur les extraterrestres. Non, la théorie au sens scientifique du terme s’appuie sur des hypothèses, des connaissances vérifiées et des règles logiques. Une théorie au sens scientifique, même si elle ne peut  être officiellement actée, n’en reste pas moins démontrable. (Nous reviendrons lors de mon séjour sur les iles Galapagos sur la théorie de l’évolution de Darwin).

Plein phare sur les métiers d’archéologue et de restaurateur !

Lucie est dans la classe de CE1/CE2 qui partage mon aventure. Sa maman est conservatrice restauratrice au musée de l’Arles Antique. Ensemble, elles nous éclairent sur les rôles de ces personnes ayant pour métier d’ausculter l’histoire.

Galerie photos

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