Le lac Titicaca

Le lac Titicaca est sans doute un des lacs les plus mystérieux de notre chère planète. Son nom fait aussi de lui l’un des plus connu. Tantôt pour son amusante consonance auprès des plus jeunes d’entre nous (et de ceux qui le sont restés… humhum… et en plus il se jette indirectement dans le lac Poopo !) tantôt pour les légendes qu’évoque ce nom si exotique. 

Le mot Titicaca trouve son sens en aymara dans le mot « Titi Khar’ka », un rocher situé sur l’Isla del Sol et signifie Roc du Puma. Ce sont les espagnols qui, ne comprenant pas l’aymara, (ou par enfantillage !) ont par la suite couché le nom Titicaca sur leurs cartes.

Le lac en lui même est à la hauteur des histoires qui l’entoure. Situé à la frontière entre la Bolivie et le Pérou, à plus de 3800 mètres d’altitude, le lac Titicaca est le plus haut lac navigable du monde. Sa superficie est de 8562 km² pour 264 x 65 kilomètres (la Corse quoi !) tandis que sa profondeur maximale atteint 280 mètres ! Enfin, on peut y découvrir une quarantaine d’îles, dont certaines sont habitées. 

Lors de leurs exposés, les enfants m’avaient beaucoup parlé du lac Titicaca, pour son nom bien évidement, mais également parce qu’ils étaient impressionnés par la taille de cette véritable mer perchée au sommet des montagnes ! Je suis donc allé voir par deux fois ce que ce lac pouvait bien avoir de si magique; une première fois du coté bolivien sur Copacabana et l’isla del sol et une seconde fois, coté péruvien, pour aller découvrir comment ces gens pouvaient bien faire flotter des villages sur l’eau. 

Copacabana et la rencontre avec Luz Mary

C’est Florence, professeure pour le BTS Tourisme d’Arles, qui, lors de la préparation de mon voyage, m’avait dit d’aller à Copacabana. Elle m’avait dit qu’une de ses amies m’y accueillerait et que je pourrai entre autre y voir une cérémonie plutôt singulière puisque, le dimanche, à Copacabana, les habitants de tout le pays (et du Pérou) venaient bénir leur voiture… Il ne m’en fallait pas plus pour me convaincre. Copacabana devait faire partie de mon voyage !

Pierre Jean, que j’avais rencontré à Rurrenabaque m’accompagne pour ces 3 jours entre Copacabana et les iles de la lune et du soleil.

Entre bus, collectivo et bateau, le trajet se fait finalement plutôt facilement depuis La Paz et il nous aura fallu moins de 4h pour arriver devant l’hôtel Florenza. Le fameux hôtel de l’amie de Florence qui avait préalablement écris un mail pour prévenir de ma visite (elle est sympa Florence). Malheureusement Luz Mary était à La Paz, retenue par des problèmes de santé. Malgré tout, le mirador vendu comme un des plus beau point de vue de la ville était quand même réservé ! Ainsi, ma première nuit sur le lac Titicaca fut magique. Entouré de murs de verre, j’ai pu assister au couché et au levé de soleil depuis mon lit. 

Le soir, sur les conseils de la belle fille de Luz Mary, PJ et moi allons manger la meilleure truite que j’ai mangé de ma vie dans un petit kiosque sur le port de pêche. Une simple truite à la plancha assaisonnée de citron. J’en ai encore l’eau à la bouche !

Nous en profitons pour organiser la suite de notre séjour. Pour ce, rien de plus simple, un guichet se trouve à l’entrée du port, duquel on peut prendre des billets pour aller sur l’isla de la Luna et l’isla del sol. Un peu plus de deux heures de traversée pour rallier les iles. Banco.

Nous allons nous coucher, reput et dans mon lit, me tournant sur le coté, je m’endormi en regardant les toits de la ville et au loin, les petits bateaux de pêches.

Finalement, le lendemain, Luz Mary était de retour. Je lui racontais que je venais de la part de Florence et après être parti en courant dans sa chambre, elle en revint avec un collier et m’expliqua que depuis la venue de son amie qui le lui avait offert avant son départ, le collier est toujours au dessus de son lit. Je profitais du fait d’avoir une carte SIM et un peu de connexion pour appeler Florence afin de les laisser échanger quelques mots avant de partir.

L’isla del Sol, berceau de la civilisation inca

Même si la traversée est longue, deux heures ne sont pas de trop pour apprécier la chance que l’on a de naviguer ici, sur le lac navigable le plus haut du monde… sur le lac Titicaca !

Deux heures, cela permet aussi de ce dire que le lac est grand et que, comme souvent sur pareilles distances, la natures peut être changeante. Ainsi, nous sommes parti avec le soleil, avons essuyé un petit orage et entre l’isla del sol et l’isla de la luna, subissant un courant transversal, nous avons pu nous rendre compte que certains pouvaient avoir le mal de mer… sur un lac. 

L’isla de la luna n’a que peu d’intérêt, trois cailloux, forment les ruines d’un ancien temple, pas d’explication et beaucoup de monde. Je fais donc un pas de coté et trouve un petit sentier me permettant d’aller voir la vue qu’offrait l’ile depuis son sommet. 

En fait, nous découvriront que, pour faire simple, cette ile est visitable depuis qu’une partie de l’isla del sol est fermée aux visiteurs à cause d’un conflit. 

Ce conflit… bah c’est un peu de notre faute à nous les touristes… enfin qui de la poule ou de l’oeuf, qui du touriste ou du promoteur peu scrupuleux doit vraiment endosser la responsabilité d’un développement touristique tout azimut… laissez moi loin de ce genre de réflexion qui anime bien trop de mes soirées dans les hostels depuis lesquels les backpacks (qui ont tout compris au voyage) critiquent les « touristes » (qui n’ont rien compris au voyage). Bref un promoteur a eu la grande idée de construire un hôtel en plein milieu de l’ile, le problème, c’est que cette ile, bah, c’est juste le berceau de la civilisation inca. Alors bien sur d’autres hôtels existent et d’autres y verront le jour. Le problème ici, c’est que le fameux génie de promoteur a vu l’emplacement idéal pour faire pousser son bloc de béton juste en face d’un temple et comme si cela ne suffisait pas, il a coulé les fondations sur une terre sacrée sans même avoir consulté le conseil de l’ile. Je vous laisse imaginer le bordel. 

Résultat, les habitants mécontent (tu m’étonnes) sont rentrés en conflit avec le-dit génie qui devait être soutenu par une quelconque autorité véreuse pour se sentir assez à l’aise pour profaner une terre sacrée sans même s’annoncer. 

Depuis, la partie nord de l’ile (la plu belle) est fermée aux visiteurs et pour justifier les 35 bolivianos de traversée, les bateaux nous emmènent sur l’isla de la Luna. 

Du coup je ne peux pas trop dire si l’isla del sol est le joyaux décrit dans les blogs. Je n’ai pu en voir qu’une partie et la journée suffit amplement pour cela. Tant et si bien que PJ et moi décidons de rentrer sur Copacabana avant la tombée de la nuit plutôt que de passer la nuit sur l’ile. En effet, c’est dimanche et le dimanche… on béni les voiture sur Copacabana !

« Par la grâce de la clé à moteur, si tu pouvais faire 200.000km de plus ça serait cool ! Amen ! »

C’est tout simplement surréaliste ! À Copacabana, des automobilistes débarquent de tout le pays et du Pérou voisin pour faire bénir leur véhicule avant d’aller consulter les guérisseurs au sommet du Calvario. Des centaines, voire des milliers de bus, tacots, Mercedes ne roulant déjà que par la grâce de dieu arrivent dans un brouhaha et un concert de cliquetis et de Klaxons jusqu’à la place centrale. Décorés de banderilles, guirlandes et chapeaux (oui, oui, un chapeau sur une bagnole), ils attendant le passage du curé et de son seau d’eau bénite.

Puis le chauffeur, venu en famille, arrose son capot à la bière, jette des confettis, fait exploser des pétards avant d’aller se mettre une caisse sur la plage (on comprend mieux pourquoi les voitures sont bénies quand on voit l’état d’ébriété de leurs conducteurs !).

Je n’ai pu avoir qu’un rapide aperçu de cette « cérémonie » pour le moins atypique mais j’ai tout de même pu assister à quelques rituels (surtout ceux avec de la bière) et l’état des rues multicolores a cause des confettis badigeonnant le sol me laisse penser que ça doit être un joyeux bordel !  Malgré tout, pas le temps de m’attarder sur le lac Titicaca, l’ascension du Huayna Potosi m’attend… Je continuerai à explorer le lac du coté péruvien !

Llachon pour vivre au rythme des locaux

Je montre mes videos au petit fils de Théodora

Natacha, Maeva et Antoine m’ont rejoint depuis quelques jours lorsque nous prenons la route du lac. Direction Llachon. La péninsule, moins touristique que sa voisine de Puno nous avait chaudement été recommandée par une amie qui nous avait même conseillé d’aller passer notre séjour chez Théodora. Une locale recevant les quelques voyageurs égarés comme s’ils étaient ses enfants. Pour vous dire, il a fallu que je lave mon linge pendant le séjour, et en voyant la couleur de l’eau après lavage, Théodora fila dans sa cuisine, récupéra une brosse, rempli un bac d’eau claire… et m’ordonna de recommencer ! 

Nous arrivons après le soupé. Un groupe est encore attablé lorsque Natacha décide de casser le porte manteau du salon avec son gros sac. Son « et merde ! » nous introduit immédiatement dans la conversation. Le groupe était composé de français et d’un couple d’espagnols. On répara vite le porte manteau avant que Theodora ne nous prenne par le bras pour nous montrer nos chambre et son jardin… avec vue sur le lac. 

Je retourne ensuite dans le salon grappiller quelques informations et nous choisissons de ne rien prévoir pour le lendemain matin. Le vent annoncé compromettait une sortie sur le lac et après un début de séjour sur les chapeaux de roues, tout le monde avait besoin de se reposer. Autant ne pas prendre le risque de mettre un réveil pour rien.

Sauf que le lendemain matin, l’aurore se chargea de nous rappeler que la vie était courte. Je vais traiter mes photos dans le salon en attendant que les autres émergés. J’aime travailler dans les parties communes parce que… bah, c’est le meilleur moyen de ne rien faire. Le couple de barcelonais était en train de déjeuner et après avoir corrigé deux-trois clichés, nous entamions une conversation qui se conclue par l’arrivée de l’armada et de Theodora. Le vent annoncé la veille n’avait pas pointé son nez. Le ciel était d’un bleu envoutant et cela serait dommage de louper cette opportunité. Théodora appelle un de ses amis qui se proposa de nous mener sur un village flottant peu visité. 

Nous prenons un petit déjeuner sur le pouce et embarquons avec Freddy qui annonça de suite la couleur. « Si je fais ça ce n’est pas pour le tourisme, je fais ça pour le partage ! » . Freddy parle… Beaucoup. Malheureusement seule Natacha est bilingue et comme il avait énormément de choses à nous dire, la pauvre traductrice improvisée n’eu juste le temps des respirations de notre capitaine pour essayer de nous expliquer ce qu’il disait. 

Nous trois, à l’arrière, rigolions en voyant le spectacle de Freddy débitant un flot d’informations en espagno-queshua-aymara-ça-passe-t’inquiete en faisant des grands gestes pour que Natacha comprenne et donnant de temps en temps un coup de barre pour que le bateau reprenne le cap. Natacha, elle, essayait difficilement d’en placer une jonglant entre les moulinets de Freddy et nos regards amusés. 

Nous finissons au bout d’une petite heure par arriver sur une des iles d’Uros. Freddy nous présente au président de l’ile qui, avec un grand sourire, nous invita à nous assoir sur un ballot de roseaux. 

Les iles flottantes d’Uros

Le village est petit. Il doit faire la taille d’un grand terrain de tennis, peut-être deux. Quelques huttes sont disposées en demi cercle autour d’un espace central ou nous invite à nous assoir le président. 

Il nous explique que 5 familles vivent ici. Aujourd’hui, trois sont allées travailler à « l’extérieur » tandis que deux autres sont en charge de présenter leur mode de vie aux visiteurs. Tous les jours cela change afin que chacun puisse profiter du tourisme. 

De même afin que chacun participe équitablement au bon fonctionnement du village, chaque année, la présidence passe d’une famille à une autre. 

Le rôle du président étant d’organiser les taches afin que le village vive convenablement. Je crois comprendre que quand on vit en vase clos entre 5 famille, sachant que l’une des autres huttes abrite les parents du président actuel, le rôle du président est assez limité. Il doit juste trancher pour dire qui rame tel jour, qui va travailler et quel tache lui est attribué. Il n’abuse pas de son pouvoir car sinon pendant 4 ans il va en baver… 

Le président nous explique tout cela avant de nous montrer comment on construit un village flottant à l’aide de roseaux que l’on trouve sur le lac en les plantant dans des blocs de terres avant de les tresser ensemble pour qu’ils se « soudent » les uns aux autres. 

Il nous montre aussi les différents types de maisons, comment on cuisine sur une grande plaque de pierre (à la moindre erreur le village peut prendre feu en quelques minutes) et les différents bateaux dont disposent ces pêcheurs. Nous retiendrons principalement le nom d’un grand bateau qui sert de taxi et entièrement tressé en roseau : la Mercedes Benz. Classe ! Tellement classe que nous acceptons d’aller faire un tour sur la Mercedes benz du village afin d’en apprendre plus sur le lac, les poissons (la fameuse « Trucha », la truite) et gouter des roseaux que le père du président coupe devant nous pour nous montrer les techniques de sape. Nous profitons que Natacha soit bilingue pour leur demander des tas d’informations sur leur mode de vie. 

Le président a 26 ans, sa femme, Roanna en a 23 et ils ont déjà 3 enfants. Ils sont surpris qu’à nos âges (avancés pour eux) nous soyons encore célibataires ! Je leur explique que Natacha est bien trop chiante et que moi… Bah c’est inexplicable ! (vous trouverez mes coordonnées dans l’onglet « contact » enfin je crois qu’il y en a un !). 

Et en parlant de Célibat, nous apprenons qu’en ce dimanche, un mariage à lieu sur l’une des iles d’Uros. Mais comme la famille de la mariée est trop nombreuse, le marié à du déplacer son ile pour la coller à celle de sa promise afin d’accueillir tout le monde (j’aime l’idée que l’on puisse déplacer un village pour faire une méga bringue !). 

De retour au village, je m’arrête devant la hutte de Roanna pour lui acheter la toile qu’elle avait brodé. Elle représente différentes scènes de la vie du village. On peut ainsi voir son mari au travail, elle et son plus jeune enfant, Juan David, ou encore la voir en promenade amoureuse dans une magnifique mercedes benz avec son mari qui lui tend une fleur. Au centre, on voit le condor, le puma et le serpent, animaux sacrés du Pérou. 

Je me dis que cette broderie illustrera parfaitement ce moment inoubliable avec ces gens pour expliquer aux enfants les modes de vies sur le lac Titicaca lors de l’exposition que l’on montera ensemble !

La broderie que l’ai acheté pour l’exposition

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