Botero et son univers

Naranjas (1997)

C’est en regardant les oranges (1997), cette nature morte de Botéro, que je me suis décidé à retourner à l’accueil du musée pour demander un audio-guide. Je suis resté de longues minutes à les observer et ce n’est que lorsqu’un autre visiteur m’a demandé de me décaler pour prendre une photo que je me suis enfin détourné de ce tableau aux dimensions aussi surprenantes que les  formes qui le composent (161 x 200 cm) Pour autant, je ne parvenais toujours pas à comprendre ce qui m’avait empêché de croquer l’un de ces fruits si pulpeux, juteux, voluptueux…

Jusqu’alors je dois avouer que je ne connaissais pas Botero. J’avais vu certaines oeuvres de l’artiste sans pour autant pouvoir les lui attribuer. Après plusieurs heures à arpenter les salles du musée, je me suis dit que le style unique et finalement hyper ludique de l’artiste colombien méritait d’en parler ici ! Alors voilà, aujourd’hui c’est le quart d’heure des profs d’arts plastiques !

Fernando Botero est un peintre et sculpteur colombien né en 1932 à Medellín. Son style très reconnaissable fait qu’il n’aurait presque pas besoin de signer des oeuvres : des personnages et des objets grossis, enflés, mais aux détails toujours précis… Ainsi, peintre figuratif (représente ce qu’il voit), Botero l’autodidacte (qui a appris par lui même) n’est cependant assimilé à aucun courant. Artiste extrêmement prolifique, Botero est sans doute l’artiste vivant le plus connu d’Amérique du Sud.

À la recherche d’un style

En 1952, Botero part pour l’Europe, où il va s’inspirer des plus grands artistes européens. Il passe beaucoup de temps en Italie, où la Renaissance le fascine. Il retourne ensuite en Amérique centrale et s’installe au Mexique. C’est là, en 1957, qu’il peint le tableau Nature Morte à la mandoline (ci-contre). Il découvre pour la première fois la possibilité de dilater les formes.

Volupté et monumentalité

Botero raconte ainsi ce moment charnière de sa carrière, et la découverte de ce qui deviendra son style :

« J’avais toujours cherché à rendre le monumental dans mon œuvre. Un jour, après avoir énormément travaillé, j’ai pris un crayon au hasard et j’ai dessiné une mandoline aux formes très amples comme je le faisais toujours. Mais au moment de dessiner le trou au milieu de l’instrument, je l’ai fait beaucoup plus petit et, soudain la mandoline a pris des proportions d’une monumentalité extraordinaire. »

En effet, le style de Botero contient plusieurs éléments qui, combinés, donnent cet effet si particulier. Les personnages, tous voluptueux, possèdent néanmoins des traits à taille normale, voire plus petite. C’est bien ce qu’explique Botero, avec l’anecdote du trou de la mandoline, dessiné beaucoup plus petit que ce que l’on attendrait pour des formes amples. Je ne pense pas que Botero peigne des gens « gros », il s’intéresse plus à la forme et peut, malgré leur volupté flagrante, dessiner de beaux abdos a ses personnages que je vois plus comme sa propre « espèce » de modèles taillés sur mesure pour lui permettre une expression pleine. D’ailleurs il n’a jamais utilisé de modèles à proprement parlé malgré ce qu’il laisse penser dans cette peinture :

Captain (1969)

Autre élément propre au style « Botero », l’expression parfaitement stoïque des personnages qui peuplent ses œuvres faites d’imagination. Même dans les portraits, les visages n’expriment aucune émotion et demeurent imperturbables…

Notons enfin que quel que soit le sujet, les personnages de Botero ont toujours le même physique ! Et ces sujets sont vastes : prostitution, scène de fêtes, tauromachie, scènes religieuses… 

Il s’est également fait connaitre grâce à ses reprises de tableaux de grand maitres. Sur ces derniers les expressions originales sont alors imitées, interprétées. Particulièrement lorsqu’il a peint la Joconde pour laquelle il a étudié son sourire énigmatique, disant que le secret de ce dernier réside dans son regard. C’est d’ailleurs ce tableau qui le fit remarquer aux États-Unis, lorsqu’elle fut achetée par le Museum of Modern Art en 1961 et reproduite par la suite dans le New York Times. La carrière de Botero était lancée…

 

 

Monalisa (1978)

Le musée Botéro abrite aussi la collection de l’artiste. Permis les quelques 50 oeuvres, on peut notamment admirer les arènes d’Arles (le centre du monde) pointent par le peintre espagnol Pablo Picasso !

Arles: el ruedo delante del Ródano (Arles: Les arènes devant le Rhône) – 1960

Voir la collection complète du musée Botero !

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